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Suivez Jacline sur la route de Chitchen Itza et la culture yucatèque

Suivez Jacline > Sur la route de Chichen Itza

Dans l'autocar climatisé qui m'amenait à Chitchen Itza, le temps ne comptait plus. Des herbes folles, des arbustes échevelés bordaient le chemin aride kilomètre après kilomètre. Seule la voix du guide faisait écho au moteur du véhicule et, parfois, aux cris des poules effrayées lorsque nous traversions ces petits villages qui n'apparaissent pas sur ma carte routière.

A l'écart de la route principale, nous prîmes une allée poussiéreuse. Le car se faufila entre les gens, modéra devant une église et le conducteur se signa en apercevant le curé en train de bénir son jardin malingre où quelques légumes, malgré sa bénédiction, arriveraient chétifs dans la marmite du saint homme.

Le nez collé à la vitre, je découvrais ces maisons villageoises du Yucatáan qui comportent souvent qu'une seule pièce. On y dort seulement dans des hamacs afin de laisser passer l'air et combattre la chaleur. Un coin de terre, des chiens, des poules, des cordes à linge sur lesquelles se balance la garde-robe de toute la famille … Comment ces femmes peuvent-elles laver aussi blanc? Vêtues de leur traditionnel huépil, cette longue robe sur laquelle sont brodées des fleurs multicolores à l'encolure, aux manches et au bas de la robe qui font ressortir la blancheur du coton, ces femmes souriantes m'ont réellement posé un problème existentiel!

Après quelques zigzags, nous nous arrêtâmes à un marché où il faut, question de politesse et aussi façon d'engager la conversation, pratiquer l'art du marchandage.

Chichen Itza
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La chaleur sur le site, malgré le soleil de plomb, était presque supportable. Les arbres rares sont aussi recherchés que le temple des guerriers ou celui des crânes et je fus prise de vertige en apercevant la pyramide de El Castillo tout en escalier. Après avoir essayé de compter la cour des mille colonnes pour savoir si c'était vrai ou une simple expression, je m'écrasai sur l'herbe et laissai ma paresse prendre la clé des champs.

Entourée de ce passé maya, je recréai, à travers le récit de Manuel, les coutumes yucatèques, les légendes de ce peuple dont les temples racontent l'histoire de ce peuple disparu. Je revoyais les enfants mayas déformés pour respecter les critères esthétiques de l'époque, les pierres de jades incrustées dans leurs dents. Une version animale de cette coutume subsiste puisque les Yucatèques offrent encore, dans certains marchés, des scarabées vivants dont la carapace est incrustée de pierres colorées comme des bijoux grouillants. Quel tour à jouer à un douanier trop zélé! La tentation fut de courte durée … mais j'avoue ...

J'ignorais que les garçons, purs descendants Mayas, naissent encore avec une tache bleutée juste en haut du coccyx, cet os situé à l'extrémité inférieure du sacrum. En apprenant cette nouvelle qui manquait à mon savoir, je restai bouche bée. Le guide avoua gaiement que tous les garçons perdent cette marque vers l'âge de la puberté. Je fus, je le confesse, rassurée, avant d'avoir eu le temps de poser une question indécente.

Je me dirigeai ensuite vers l'auberge où déjà, les parfums de la cuisine se mêlaient aux chants des Mariachis. Une femme accroupie attisait le feu et préparait tacos et enchiladas. Le repas fut servi au jardin, véritable endroit de rêves : Mobilier en fer forgé, des bougies, partout des fleurs, des chants d'enfants et un soleil qui jetait sur les assiettes de poterie ses derniers rayons.

Au menu

Tequila
Sopa de lima (bouillon de poulet parfumé au citron vert)
Poc-chuc (minces tranches de porc mariné dans le jus d'orange amère et servies avec des oignons rouges marinés)
Bananes cuites dans des feuilles de maïs

Puis les premières étoiles m'indiquèrent le chemin des pyramides pour un spectacle de son et lumières où des ombres du passé se profilaient sur fond de poésie … en espagnol.
Nous étions à quelques jours de Noël. Encore éblouie par la merveilleuse journée et le spectacle grandiose auquel je venais d'assister, je remontai dans le car et me laissai bercer par le chant " Feliz Navidad " que fredonnaient les passagers. J'ouvris mon cahier de notes pour inscrire ce que Manuel m'avait raconté sur la cuisine entre deux gorgées de tequila :

La grand-mère de Manuel se sert encore du mortier à trois pieds et du pilon en pierre pour broyer les grains de maïs. Séchés, ils se conservent longtemps et peuvent être mangés bouillis dans l'eau; la cuisson les fait gonfler et ils deviennent tendres comme des pâtes alimentaires.

On se sert toujours des feuilles de maïs pour envelopper les ingrédients pour la cuisson. On y enferme avec précaution les aliments et l'on glisse les tamales en petits paquets sous la cendre chaude. Résistante, cette enveloppe naturelle peut supporter une longue cuisson.

Parlez-moi des " dulces "? Le sourire de Manuel s'étire et semble me dire que les friandises ne sont pas pour lui un cas de conscience. Chez moi, dit-il, on grignote des morceaux de canne à sucre à longueur de journée car nous ne sommes pas riches et cela rend les dents à toute épreuve. Mais, lorsqu'arrive une fête, j'aide à confectionner des bonbons pour les enfants à base de courge et de patates douces séchées. À écouter me décrire la recette de ses ancêtres, je pris, je le jure, plusieurs calories!

Puis on passa au chapitre de la tequila sans quoi on ne pourrait pas boire le Mexique avec des étoiles dans les yeux. On dit ici que la tequila a le pouvoir de réveiller un mort! C'est faux! Cependant, croyez-moi sur parole, cette boisson a la vertu de changer le paysage et rendre les trottoirs plus étroits …

La tradition veut qu'on la serve dans un grand verre accompagné d'une soucoupe contenant une rondelle de citron vert et une bonne pincée de sel. Le buveur met un peu de sel sur le dessus de sa main gauche, de préférence dans le creux formé entre le pouce et l'index. Il dirige sa main vers sa bouche pour laper le sel, vide son verre cul sec et suce une rondelle de citron vert : Trois opérations qui ne durent pas plus de deux secondes. Pour apprendre ce tour de main, il faut avoir, selon Manuel, vidé un nombre considérable de verres et avoir dormi plus d'une fois hors du hamac!

J'espère que vous avez fait, comme moi, un beau voyage ...

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