Ou dîner dans les cuisines royales du Palais de Queluz

Remontez dans le temps, dans la seconde moitié du XVIIIième siècle, alors que le château de Queluz vient d’être construit comme palais d’été pour Don Juan de Carlos. Afin de pallier à tout risque d’incendie, on a érigé les cuisines tout en longueur dans l’aile droite de l’entrée royale.

« Ô temps, suspends ton vol », les anciennes cuisines ont été restaurées et sont devenues un haut-lieu de la gastronomie entre Lisbonne et Sintra.

Au centre, pièce maîtresse de la salle à manger se trouvent quelques éléments authentiques des anciennes cuisines : un long trépied de fer muni de 6 longues broches permettait de rôtir des porcs ou chevreaux entiers; d’énormes marmites font étinceler leur cuivre sous la hotte cheminée qui repose sur des colonnes de pierre. Le long du mur, deux anciens bassins en pierre étaient alimentés par un système ingénieux de canalisation pour apporter aux cuisines l'eau de source. La table de boucherie est monumentale - imaginez un bloc de marbre d'un seul tenant de 4 mètres sur 2 et pesant près de 70 kilos reposant sur deux pieds massifs.

C’est ici qu’on dépecait les animaux qu’on avait abattu dans les forêts environnantes. Un trou, de 35-40 cm permettait de récolter ainsi le sang dans une bassine placée en dessous. Le saucier avait l'habitude, à cette époque, de faire ses liaisons au sang frais.

L’ambiance est raffinée. Sur les murs blancs, des peintures d’époque. Les nappes, coussins de chaise et rideaux sont dans les tons de vert, rose et blanc pour alléger l’atmosphère qui aurait pu être interprété avec ostentation et moins de ravissement.

Partout, de hauts vaisseliers présentent une magnifique collection de cuivre. Les moules sont splendides pour les aspics et les terrines, grappes de roses, homard, couronne royale.

On dénote une touche d'élégance dans le décor, la table et la présentation d’assiette: beurre servi sous cloche, harmonie des couleurs, moulage des purées de légumes

Pains assortis dont un excellent pain au raisin qui s’accommode bien avec la longe de porc fumée, mini-coquille de champignons chauds, un vin maison provenant de la région d’Alentejo, gouleyant et rond en bouche, telle est l’ouverture de ce repas.

Comme entrée, nous avons pris une délicieuse poitrine de canard fumée émincée, présentée en alternance avec de fines tranches de mangue et une vinaigrette de mangue et de cresson d’eau - un excellent mariage entre le doux du canard, le sucré de la mangue et la légère amertume du cresson.

Entre autres spécialités, le tournedos de Serrare est moelleux et se coupe à la fourchette. Il est rehaussé d’une sauce maison fort agréable en bouche et en texture composée d’une julienne très fine de jambon et de légumes dans un fond de foie gras. C'est le steak "Cozinha Velha".

Chariot de fromages et de dessert complètent le repas. Service impeccable de grande maison.

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