Saviez-vous que le Rorqual bleu (Balaenoptera musculus) est le plus grand animal vivant présentement sur la planète? Il peut atteindre une longueur de 29,5 m, l’âge vénérable de 70 à 80 ans et les femelles donnent naissance à un baleineau de 2 à 3 tonnes et de 6 à 7 m de long tous les deux ou trois ans.

Retenu à quai, le Narval III valsait d'impatience, attendant qu'on le libère de ses amarres. Les vagues se brisaient sur la proue qui se dressait, puis plongeait dans l'eau grise crêtée de blanc. J'étais parvenue, après mille efforts, à me retenir à la barre d'appui (courette) longeant les bancs recouverts de cuirette marine… je tenait bon. Hélas, une vague plus haute que les autres, sournoise, hypocrite, s'écrasa à bâbord et me fit perdre toute dignité; l'écume m'enveloppa et je roulai et me retrouvai à tribord sans avoir été consultée. Je me relevai mais le bateau, cette fois, piqua du nez pendant que moi, tête première, j'atterrissais dans la réserve des vestes de sauvetage. Je voulus, je le jure, sacrer comme un marin, mais aucun son ne sortit de ma bouche couverte d'embruns salés. 

- On va la perdre! s'écria le capitaine.
- Laissez-moi faire, reprit mon photographe. Je vais vous la saucissonner au mât que vous n'aurez plus à vous inquiéter.
Des vagues et des vagues plus tard, j'arrivai à quai, trempée à l'os, les joues rosies par le froid sans avoir aperçu le moindre mammifère marin. Ils sont plus intelligents que nous! Un conseil : s'il fait un temps de chien, remettez votre croisière au lendemain!

On avait les lèvres gelées, incapables de parler... je dirais même la bouche carrée. Les mains gourdes de froid, j'étais incapable de délasser mes souliers pour en enlever l'eau de mer. À bord de la wagonnette, les essuie-glace s'agitaient. Nous n'avions plus aucune illusion - le beau temps ne serait pas au rendez-vous pour notre visite au Parc National. Les mains gelées, les pieds trempés nous rêvions d'un repas chaud. Chemin faisant nous aperçûmes enfin un écriteau qui battait au vent. Guy ajusta ses lunettes, croyant au mirage. Dieu soit loué! S'exclama-t-il. Nous sommes Chez Janine. Tels des naufragés, nous avons poussé la porte comme on s'accroche à une bouée. Un visage souriant nous accueille et la serveuse nous dit : je vous apporte le menu.

- de la soupe, tente de dire Guy.
- aux gourganes ou au pois? répond la serveuse.
- Peu importe… bouillante!
Une main autour du bol, on mangeait au même rythme qu'on dégelait: une cuillerée, un atchoum!
Je voulus téléphoner au Parc Forillon pour les avertir que nous ne pouvions pas nous rendre à la prochaine étape mais impossible d'avoir la communication.

- Essayez de presser les fils ensemble, nous explique la serveuse... comme si c'était une chose normale. Tenez-les bien. Le contact va se faire.
J'avais peur de prendre un choc. Ragaillardis, nous reprîmes enfin la route vers Petite-Vallée après avoir pique-niqué dans la voiture, admirant les derniers sauts d'humeur de cette mer qui avait perturbé notre journée.

418-892-5500 ou au 1-866-617-5500. Courriel: info@baleines-forillon.com