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Burano, une perle de couleur posée sur la lagune

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Collaboration spéciale : Marianne Bourgeois

Embarcadère de Fondamenta Nuove, quartier du Canarregio, loin de l’agitation enivrante de la Place St Marc et de ses proches alentours. Le soleil se lève sur la lagune. Les ondes du va-et-vient incessant des bateaux viennent claquer le bord de la rive, la sortant de sa torpeur. Apponté à l’embarcadère, un bateau fait vrombir ses moteurs, crachant des volutes noires. Plus tout neuf le bel engin, rouillé de part et d’autres par les embruns, il fait bien pâle figure à côté des somptueux bateaux-taxis en bois vernis qui fendent les flots. Fidèle serviteur, il attend patiemment que les touristes embarquent sous l’œil vigilant et la voix de stentor de l’employé de bord qui vocifère « Burrrraaaaano ! Burrraaaano ! ».

Les moteurs s’emballent, s’époumonent. Le bateau quitte la rive. La porte entrouverte de la cabine de pilotage laisse entrevoir une main qui s’agite, faisant tournoyer une énorme roue de gouvernail en bois. Venise et sa lagune, « cliché » vous diront certains, mais des clichés comme celui-là, nos yeux en redemandent tant et plus. Neptune était sans nul doute un artiste et un esthète. Il a paré la lagune de bijoux. Posées de ci, de là, comme des joyaux, les îles, entre l’azur du ciel et le vert de la lagune. Parmi celles-ci, Murano, l’île de la transparence par excellence avec ses ateliers de verrerie. D’autres moins connues, qui plus qu’un détour, méritent tout simplement d’y aller pour leur beauté naturelle, pittoresque, enchanteresse. Burano, Torcello et d’autres plus confidentielles font partie de ces pierres précieuses, parures de la lagune depuis des lustres.

L’île San Michele – l’île cimetière
Burano, une perle de couleur posée sur la lagune 1

Le trajet en vaporetto jusqu’à l’île de Burano annonce, à lui seul, une visite prometteuse. La lagune ôtera doucement son voile et avec elle une partie de ses mystères pour mieux s’offrir aux regards. Non loin de l’embarcadère de Fondamenta Nuove, cernée de hauts murs en terre brune, d’où dépassent des cyprès vert sombre, l’île cimetière de San Michele, où il est possible d’accoster. Phénomène unique au monde, les corbillards transportent les cercueils jusqu’à San Michele en gondoles, quotidien finalement assez ordinaire pour les Vénitiens. L’ensemble architectural est élégant : dès l’entrée, des cloîtres abritent les tombeaux les plus anciens. Chaque parcelle est entourée de murs sur lesquels s’adossent les monuments les plus ouvragés. Au centre, simples mais harmonieuses, les tombes modestes se dressent sur des pelouses verdoyantes.

Cimetière de Venise depuis 1807, il offre aux regards quelques beaux monuments funéraires. Igor Stravinski, Serge de Diaghilev y sont inhumés. L’île abrita aussi des prisonniers politiques.

L’île San Francesco del Deserto
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Quittant l’île cimetière, le bateau poursuit sa route, effleurant l’île San Francesco del Deserto (qui d’après la légende, fut fondée par St François d’Assise. La vieille église et les deux petits cloîtres abritent encore une communauté de frères qui vivent isolés, hors du temps), et quelques îlots, ça et là. Quelques quarante minutes plus tard, longeant Madonna del Monte et Mazzorbo, des petites îles abandonnées couvertes de joncs, d'arbrisseaux, de cyprès, Burano laisse entrevoir ses premières merveilles.

Burano, l’île aux couleurs d’un printemps fou
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L’île de Burano est, sans nul doute, l’île dont le souvenir laissera des soleils pleins la tête. En arrivant à Burano, une grande place ombragée, des bancs où de vieilles âmes palabrent, autour d’eux des enfants courant, jouant. Une petite rue bordée de cafés faits de bric et de broc où la patronne vous apportera un café à réveiller un mort, si ce n’est deux. Au bout de la rue, un feu d’artifice de couleurs allant du bleu, vert, jaune, ocre-orangé, safrané, rouge griotte, lilas, rose fushia….à faire pâlir d’envie la palette d’un peintre. Ces couleurs sont celles des maisons de Burano, particularité de l’île, qui font jaillir des gerbes de reflets multicolores. Burano est une petite Venise, le chatoiement de couleurs, le calme, la quiétude en plus. Jean Cocteau ne s’y est pas trompé, écrivant que ce petit joyau avait les couleurs d’un printemps fou. Bordant de petits canaux où sont appontés des barques de pêcheurs, elles aussi parées de couleurs vives, les maisons, collées les unes aux autres, semblables à des maisons de poupées, cadrées par de sages fenêtres investis par des pots de fleurs ou des chats étendus nonchalamment.

Burano, une perle de couleur posée sur la lagune 1

L’histoire raconte qu’il revenait aux femmes de l’île, dès le XVIIe siècle, de choisir la couleur de leur maison. La vivacité de la teinte permettait à leur cher et tendre de repérer au loin leur antre et de mieux se diriger sur la lagune. Légende ou pas, Burano est une toile de peintre grandeur nature où le soleil s’en donne à cœur joie, dardant ses rayons sur les façades, les reflétant sur l’eau des canaux comme autant de petite pierres précieuses, rubis, émeraudes, grenats….échappées d’un trésor de pirates. A Burano, on vit dehors, sur le pas des portes, dans la couleur, le linge étendu au travers des rues, les femmes, accoudées à leurs fenêtres, se parlant d’une rive à l’autre.

La dentelle de Burano, le « punto in aria / punto di burano » ou point à l’aiguille
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Vivre dehors, signifiait pour les femmes de l’île, faire de la dentelle à l’aiguille au « point de Venise ». Cet art de la dentelle fut considéré dès le 16ème siècle comme la plus belle du monde. Pour la petite histoire, ces dentelles passèrent en France sous le nom de "dentelle d'Alençon". Colbert, ministre de Louis XIV, avait été à sa manière le premier contrefacteur de l’histoire : il avait fait venir des dentellières de Burano à Alençon pour assurer en France une production de cet art délicat.
Oublié pendant des années, cet art reprit vie au XIXe siècle. Une école de dentellières créée en 1872 a permis à la dentelle de Burano de renaître. C'est sans doute la raison pour laquelle l’île ne s'est jamais dépeuplée, contrairement aux autres îles de la lagune. Cette école (qui n’accueille plus de cours réguliers) et le musée de la dentelle (Scuola e museo del merletto) se trouvent dans l'ancien Palais du Podestat, sur la piazza dédiée à la gloire locale, Baldassare Galuppi dit le « Buranello », musicien.

San Martino
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La visite de Burano se terminera à la belle petite église du XVIe siècle San Martino, près de la place Galuppi. Elle possède une oeuvre importante de Giambattista Tiepolo "le Calvaire". Le peintre figure sur la droite du tableau, ainsi que le commanditaire. Son clocher pointu et très penché n’est pas une illusion d’optique ni un défaut de correction de vos lunettes. Il est bien réel avec son 1m85 d’écart en haut de ses 64 mètres. Des tours, des clochers qui penchent…une autre spécialité italienne.

Pour se sustenter : trattorias, pizzerias et…
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Sur cette Piazza Galuppi où se trouvent la plupart des curiosités à admirer, les plus gourmands pourront faire une halte dans une excellente pâtisserie dont le gâteau au beurre, dit "bussola", est la spécialité.

La trattoria Da Romano est l’un des célèbres restaurants de la lagune. Incomparable choix de poissons (anguille, saint-pierre, queue de lotte, sole, sardine) cuisinés de mille et une façons, avec un savoir-faire sans égal, des soupes, du risotto, des fritures.
 

 
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La trattoria Da Romano »
Via San Martino Destro, 221
Tel : 041 73 00 30

 
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