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Là où la réalité est plus exotique que la fiction.

Je fus accueillie par Jeannette dans sa robe de daim, ses mocassins, sa chevelure lisse et bien tirée, d'un noir corbeau reflétant ainsi ses origines. Sa fierté se lisait dans ses gestes et, parcourant le site, j'eus l'impression d'ouvrir son album de famille. Je la suivis dans ce décor fidèlement reproduit et constatai le savoir-faire de ses ancêtres qui, à la fin du XVIIe siècle préparaient nourriture, vêtements, et toutes les choses essentielles à partir de ressources naturelles. Une légère pluie nous amena dans un tipi où là je fus étonnée d'y voir des jouets d'enfants, des ustensiles de cuisine en bois et des paniers remplis d'herbes. Bien à l'abri, je découvrais la vie au quotidien de l'an 1675. Je m'imaginais les odeurs, le vent qui soufflait entre les peaux de biche qui s'agitaient au moindre souffle. Je sentais et écoutais à la fois la fumée et le crépitement du feu qui remplissaient la pièce. La pluie de tantôt devint ondée. Le tonnerre résonna tel un tam-tam et me ramena à la réalité. Jespeg - signifiant en langue micmac " le bout des terres " - était devenu, par le récit de Jeannette, synonyme de " du bout d'une belle et ravissante histoire ". Jamais histoire ne me fut racontée avec autant de poésie. Je quittai presque une forêt enchantée.