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Grosse Île

Suivez Jacline à la Côte-du-Sud > Grosse Île

C'est à Berthier-sur-Mer que je mis pied à bord du bateau. Les Croisières Lachance assurent la liaison tous les jours de la mi-mai à la mi-octobre. Il faisait beau et le capitaine a eu la gentillesse de me laisser piloter (pour ceux et celles que cela pourrait effrayer, mon père, mon grand-père et mon frère construisaient des bateaux et j'ai grandi un gouvernail à la main) jusqu'à ce que la température se soit mise au diapason de notre destination. En effet, combien de pleurs ont été versé sur ce bout de terre à 30 milles en aval de Québec. L'île dégage une tristesse infinie. Je me mis à la place des immigrants et suivis le processus de leur arrivée.

Muni de son faible bagage, chaque immigrant entrait dans l'édifice de désinfection et laissait ses effets personnels sur un chariot au rez-de-chaussée. Trois voies ferrées permettaient le déplacement de wagonnets de désinfection qui, chargés de paniers, étaient introduits dans les étuves.

Puis, il enlevait ses vêtements avant d'entrer dans la chambre de désinfection presqu'aussi petite qu'une armoire à balais - il passait sous la douche et se brossait entièrement. Pendant ce temps, on désinfectait ses vêtements. Après une visite au médecin, il était acheminé vers sa destination. La Grosse-Île est divisée en trois secteurs. Les malades sont confinés à l'est, les immigrants dits en santé à l'ouest et l'administration au centre. Barrières, contrôles et sentinelles démarquent ces quartiers. Entre 1893 et 1902, on avait même construit un poste de garde. Recouverte de bardeaux et surmontée d'un toit conique à six pans, cette tourelle abritait le gardien chargé de veiller à ce que les immigrants en santé n'entrent pas en contact avec les habitants du village. Il était strictement interdit d'aller visiter un parent malade.

Un peu d'histoire

Grosse-Île commémore l'évolution de l'immigration canadienne, l'épisode tragique de l'été 1847 et le fonctionnement d'une station de quarantaine de 1832 à 1937.

Après 1815, au lendemain des guerres menées par Napoléon, une crise économique et sociale de même que des épidémies de maladies infectieuses s'abattent sur l'Europe, forçant ainsi des milliers d'immigrants, majoritairement des îles britanniques et de l'Irlande, à quitter leur pays et à venir s'établir au Canada. L'arrivée au port de Québec de milliers d'immigrants susceptibles de transmettre le choléra fait craindre le pire aux autorités coloniales. Celles-ci décident alors d'établir une station de quarantaine sur la Grosse-Île, située le long du couloir maritime à proximité de Québec.

Dès 1832, on aménage à la hâte les premiers bâtiments de quarantaine. Compte tenu du manque de connaissances médicales en ce qui a trait aux modes de transmission des maladies et de l'improvisation des méthodes d'accueil des immigrants, Grosse-Île parvient en partie à répondre à la demande. Ce sont quelques 4 000 personnes à Québec et près de 2 000 à Montréal qui décéderont du choléra.

En 1847, une terrible famine s'abat sur l'Irlande à la suite de la maladie de la pomme de terre. Environ 100 000 personnes, en majorité des Irlandais, se dirigent vers Québec. Ils sont affaiblis par la malnutrition ou sont atteints du typhus. Plusieurs mourront en mer tandis que d'autres parviendront au Canada et finiront leurs jours sur la Grosse-île. Le rythme des décès est effarant : 200 à 300 personnes sont enterrées chaque semaine. Au total, 5 424 personnes seront inhumées sur le site durant l'été 1847. À Québec on prenait la chose tellement au sérieux, qu'on fit installer sur Grosse-Île, des canons et une petite garnison militaire qui avait pour ordre de faire feu sur tous les navires qui tenteraient d'éviter l'inspection.

 

Circuit
Grosse Île 1
Grosse Île 1

La photo ci-haut est celle du lazaret, le dernier des bâtiments d'origine encore debout construits à la Grosse-Île en 1847. Conçu pour loger les immigrants en santé dans le secteur est de l'île, le lazaret se transforma en hôpital dès 1848. Cet édifice de bois fut mis ensuite au service des malades atteints de variole. Il demeure le seul témoin encore debout de la fonction hospitalisation à Grosse-Île.

Grosse Île 1

On retrouve aujourd'hui sur ce lieu historique un grand nombre de bâtiments tels l'édifice de désinfection, certains logements, un lavoir ainsi que le village de la station. Celui-ci comprend, entre autres, deux chapelles, sans parler de la croix celtique de 15 mètres de hauteur juchée sur un promontoire et du cimetière des Irlandais. Durant le plus fort de l'épidémie, on creusait de longues tranchées dans lesquelles, selon certains témoignages, jusqu'à trois rangs de cercueils étaient superposés pour répondre à la demande. Les noms de tous les morts recensés sont inscrits sur un mur de verre - et puisqu'il pleuvait toujours, on aurait dit des larmes. On peut suivre l'évolution de la maladie en photo et visiter la "chambre rouge", là où on confinait les malades dont les yeux ne pouvaient plus supporter la lumière et les couleurs. Seul le rouge semblait adoucir la douleur.

La Grosse-Île en un coup d'oeil!

Secteur ouest - circuit pédestre

  • La croix celtique
  • Le monument aux médecins
  • Le cimetière des Irlandais
  • Le Mémorial
  • L'hôtel de première classe
  • L'hôtel de deuxième classe
  • L'hôtel de troisième classe
  • Le lavoir
  • La cuisine d'été
  • La boulangerie
  • L'édifice de désinfection
  • L'atelier de plomberie et de charpenterie
  • La maison de l'électricien
  • Le bureau de vaccination et d'examen médical
  • Le poste de garde
  • La maison de l'assistant-médecin

Secteur centre

  • Le bloc d'en haut (quartiers des marins)
  • Le cimetière du centre
  • Le presbytère anglican
  • La chapelle anglicane
  • Le village Saint-Luc-de-Grosse-Île
  • La maison du surintendant
  • La batterie de canons
  • La chapelle catholique
  • Le presbytère catholique
  • La station Marconi
  • La résidence de médecins
  • L'école
  • La boulangerie
  • La résidence du médecin bactériologiste
  • Le laboratoire
  • La maison des infirmières
  • La Maison de l'intendant de l'Hôpital de la Marine

Il est aussi possible de se déplacer en train-balade dans le secteur est. L'île abrite aussi une flore et une faune diversifiées qui vient égayer une page d'histoire qui émeut encore par sa tragédie. Ceux qui ont des racines irlandaises doivent, une fois au moins dans leur vie, entreprendre ce "pèlerinage". Cette visite m'a profondément marquée. Juste à vous la raconter, j'en ai encore la chair de poule.
Muni de mon "certificat de vaccination", je remontai sur le bateau respirer l'air du large.

Pour s'y rendre

Croisières Lachance - Sans frais : 1 888 GROSSE-ÎLE (1 888 476-7734) ou (418) 259-2140. info@croisiereslachance.ca.

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