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Suivez Jacline à bord de l'Africa Queen

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Le yacht était déjà amarré lorsque j'arrivai au port. Je déposai mes valises, époussetai ma jupe car la route de l'hôtel à l'embarcadère avait été parcourue dans un nuage de poussière, je sortis mon miroir pour vérifier mon chignon et replacer quelques mèches et pensai à Katherine Hepburn. J'étais là! Un rêve! Dans quelques heures, je partirai faire le même voyage, je verrai les mêmes paysages. N'était-ce pas merveilleux! J'endossai le personnage et cherchai dans le brouhaha de la foule la silhouette de Humphry Bogart.

Une vois grave me ramena à la réalité. C'était un homme, couleur café au lait, grand, vêtu d'un long caftan bariolé.

- Vous faites la croisière? me dit-il.
- Porterez-vous mes valises? dis-je d'un ton détach&eacute.

Sans plus de faзon, il s'exécuta, monta rapidement la passerelle de filet en sifflant un air mélancolique. Lorsqu'enfin j'arrivai à ma cabine, mes malles m'attendaient, bien rangées, me laissant juste le passage de la porte au hublot. Comment ferais-je pour vivre toutes ces semaines dans un tel cubicule! Un bouquet d'hibiscus placé près de mon lit dissipa ce contretemps et la cloche du souper se fit entendre. Je descendis à la salle à dîner. Les passagers étaient déjà installés et faisaient connaissance.

- Je vous pris d'excuser mon retard ... quelques caprices de l'Africa Queen.

Je vis alors un homme superbe, vêtu de l'uniforme blanc sur lequel les galons dorés de capitaine imposaient le respect. Avec un large sourire, il prit place à mes côtés et porta un toast en souhaitant à chacun un bon voyage. Devinant mon embarras, il me confia tout bas:

- Ne vous inquiétez pas. À la fin de la croisière, je rapporterai vos valises sur le quai, là où je les ai prises.

C'était mon porteur de ce matin. Revenue dans ma cabine, je jetai un coup d'oeil sur l'itinéraire avant de m'endormir:

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Banjul - capitale de la Gambie

Fuffure ou une visite des villages m'amènerait rencontrer les membres de la famille d'Alez Halex, auteur de Roots, Racines, ce célèbre ouvrage.

puis Albredor qui fut jadis le terrain de luttes acharnées entre les soldats des puissances colonisatrices de la fin du XVe siècle.

Puis l'excursion en brousse afin d'admirer la culture, l'élevage et la faune qui peuple cette région sauvage avec ses singes, ses phacochères et ses nombreuses espèces d'oiseaux.

L'Africa Queen poursuit sa course et mouille devant

Diogue

Karabane - avec sa plage au sable fin, son silence mais qui fut le point de départ de la pénétration européenne et un ancien comptoir portuguais octroyé à la France en 1836. Aujourd'hui, il ne reste qu'une ruine fleurie d'où se dégage une atmosphère de calme et de gravité.

"En avant toute!" Du fleuve jusqu'à la Pointe Obac

puis excursion à Néoumoune, sur la rive droite où les habitants sont regroupés en deux villages juxtaposés: l'un catholique, l'autre musulman, mais tous deux agricoles, spécialisés dans la culture en rizières.

On mouille à Mlomp - cette région de la Casamance qui se caractérise par une végétation exubérante, dominée par des fromagers centenaires et des pommiers Cayor.

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On arrive à Ziguinchor, capitale de la Casamanche qui compte une population de plus de 80 000 habitants. Sa forêt tropicale lui donne des couleurs magnifiques. Ses maisons coloniales donnent le goût de s'y attarder. Son village artisanal donne, lui, le goût de tout acheter.

Situé à 23 km à l'ouest de Ziguinchor, Enampore - avec ses villages dont l'architecture est exceptionnelle comme la case dite impluvium, un bâtiment gigantesque circulaire, recouvert d'un double toit, dont un en forme d'entonnoir pour recueillir l'eau de pluie. L'origine de ces cases remonte au temps des guerres tribales et les plus grandes peuvent loger 40 personnes avec leur bétail et leurs provisions.

Les dernières étoiles pâlissaient lorsque j'ouvris les yeux. La veille, j'avais refermé mes valises. La croisière était terminée. J'ai connu pendant plusieurs semaines les bruits de la brousse, le parfum de la terre chaude, la beauté des teintes que savent prendre les fleuves pour nous charmer. Non, personne n'y résiste!

Je jetai un dernier coup d'oeil à ma cabine. Le déjeûner était servi sur le pont. Je croisai comme d'habitude le chef, penché sur le bastinguage en train de négocier avec les villageois le dernier arrivage de poisson frais, moins d'une heure avant. J'interrompis son marchandage afin de le remercier de ses spécialités sénégalaises - le poulet, le poisson yassa au citron, le maffé le thiébou dien, ou encore le dern, un poisson farci à la Saint Louisienne.

Je choisis une chaises éloignée de tous afin de savourer mon dernier repas. Les vagues en clapotis formaient une musique matinale. Je vis alors descendre mes valises roses qu'apportait, tel que promis, un homme café au lait, portant un long caftan bariol&eacute.

Fiche bateau ...

Nom: Africa Queen
Pavillon: panaméen
Bureau de contrôle: Veritas
Longueur: 48 m
Largeur: 8,7 m
Tirant d'eau: 3,75 m
Vitesse de croisière: 10 noeuds
Tonnage: 346 jauge brute
Cabines: 17
Équipage: 17 dont 14 Sénégalais

 
 
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