Bienvenue au Kenya > Suivez Jacline > Au pays ds zèbres

Je n'écoutais pas, comme dans un film, du Mozart avant de m'endormir mais je me laissais bercer par le rythme des tam-tams dont les échos encerclaient ma hutte. Je me sentais fragile et forte, petite et grande à la fois. J'avais réussi à dompter mes craintes et discipliner mon coeur. Depuis que j'avais abattu un lion avec ma Magnum 170, on m'appelait Bowana.

La nuit m'avait paru interminable. Je n'avais pas beaucoup dormi car les éléphants avaient rôdé non loin de ma hutte pendant des heures. Lorsque l'aube apparut, je réussis à fermer les yeux. Je somnolais lorsque le boy entra pour m'apporter mon thé - rituel auquel je n'avais pas été longue à m'habituer - mais ce matin-là, au lieu de rester à me prélasser comme je le faisais chaque matin, me disant: Ais-je rêvé! .. je n'en eus pas le temps.

- Vite Bowana, vite, les zèbres émigrent. Venez voir!

Je renversai le thé, écartai d'un geste brusque le moustiquaire et sautai en bas de mon lit sans prendre les précautions habituelles - un serpent peut fort bien décider de partager les lieux durant votre sommeil - j'attrapai de justesse ma robe de chambre car j'étais nue. Ma tenue ne parut pas distraire le boy

- Toi, tout visage, me dit-il. Moi avoir 8 femmes.

Ma pudeur exagérée me fit perdre le début de la course. Merde! Mais quel spectacle! Le soleil s'amusait à colorer les zèbres les rendant irréels. Leur marche était lente et le bruit de leurs sabots devenait une musique syncopée. Le troupeau en caravane se dirigeait vers un point d'eau au coeur des herbes fraîches.

Je restai bouche bée et goûtai ce spectacle du bout du monde. J'étais rivée là, statufiée, ne reprenant conscience qu'après avoir vu le dernier zèbre disparaître. Je fermai les yeux afin de graver dans ma mémoire ces instants privilégiés, de retenir ces odeurs de terre battue, ces cris d'oiseaux apeurés dans une envolée de flamands roses. Comme pour me ramener à la réalité une girafe baissa la tête pour me narguer, majestueuse, ayant assisté à tout зà du haut de sa grandeur.

A contrecoeur, je retournai dans ma hutte; un iguane dormait près de ma chaise. Je fis ma toilette et m'habillai en vitesse afin de rejoindre la Landrover qui m'attendait pour m'amener vers une autre aventure. J'évitai ce jour-là de porter un T-shirt à rayures ...

Les Africains décrivent les zèbres comme un animal noir avec des rayures blanches. Les Occidentaux prétendent que ce sont des animaux blancs avec des rayures noires. Qui a tort? Qui a raison? Quelle importance! Moi je dis simplement: C'est un animal magnifique.

Je vous laisse avec cette pensée: Si les animaux ne rient jamais, c'est sûrement que leur instinct leur dit qu'il n'y a pas de quoi rire dans la vie ... seule la hyène rit! ... mais зà c'est une autre histoire ...