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Suivez Jacline au Treetop - le plus fameux lodge au monde

Bienvenue au Kenya > Suivez Jacline au Treetop - le plus fameux lodge au monde

Loger au domaine des bêtes
Parc National Aberdale au Kenya - Je descendis de la jeep, le coeur battant. Enfin! J'étais arrivée. Avec un sourire, le ranger venu m'accueillir s'empara de mon sac à dos et s'assura que je n'avais aucune arme car ici, dans ce parc, les animaux sont protégés et la brousse leur appartient; nous sommes les invités.

Je ne m'attendais pas, certes, à ce qu'un éléphant vienne, sans trompe ni trompette, me souhaiter la bienvenue ou qu'un zèbre me passe un pyjama rayé pour mes nuits au Treetop mais j'étais déçue. Tout était si paisible. Soudain, un bruit, un rugissement me glaça sur place. Mon boy m'entraîna dans une petite hutte bâtie afin de nous protéger, en forme de colimaçon - cette forme en spirale empêche l'animal de nous y rejoindre et le couloir est si étroit qu'on demeure debout si la peur nous fait perdre connaissance! Ouf! Le danger écarté, nous reprîmes la route en silence. Pour diminuer les battements de mon coeur, je ramassai un petit caillou noir que je conserve toujours comme porte-bonheur. Une légère brise agitait les feuilles des baobabs, un oiseau volait discrètement comme pour ne pas déranger. Dans cette paix factice au milieu d'un danger imminent, je m'arrêtai un moment pour rattacher les lacets de mes bottines. La main du ranger se posa sur mon épaule et il me montra au loin le Treetop. Je vis la maison nichée dans les arbres telle une cabane que l'on construit pour les enfants mais à la dimension d'un rêve d'adulte.

Ma maison dans les arbres
Elle était plus grande que je ne l'avais imaginée, construite sur pilotis, camouflée dans les arbres au-dessus d'une grande mare d'eau stagnante. Des pensionnaires, jumelles sur le nez, scrutaient la forêt, assis sur l'une des galeries entourant le Treetop. Quelques heures plus tard, j'allai, moi aussi, m'y retrouver afin de noter dans "mon journal de bord" la moindre ou la plus surprenante visite d'un animal connu ou inconnu. Véritable complicité entre l'homme et la nature, la liste, à la fin du séjour, fait notre satisfaction et notre orgueil; il faut donc rester alerte à toute heure du jour et de la nuit.

Au Treetop, on ne déroule pas le tapis rouge à notre arrivée mais on laisse tomber une longue échelle de corde et on nous dit tout simplement: Montez! J'espérais voir s'élancer Tarzan mais, sans doute occupé ailleurs, je dus grimper seule jusqu'en haut, balancée entre ciel et terre. Deux fois, j'en perdis mon chapeau et deux fois le boy me le remis sur la tête sans égard pour ma coiffure. Mes doigts se cramponnaient à cet ascenseur précaire. J'arrivai enfin à la galerie sous les regards compréhensifs des autres touristes ayant connus l'épreuve avant moi. Mon hôte me souhaita la bienvenue avec un rire contenu. Un boy, très "high Class" vêtu d'un pantalon en toile beige, chemise blanche amidonnée, petite veste marron me conduisit à ma chambre et me remit un carnet d'observation. Le thé sera servi à 5 heures dans le petit salon, me dit-il en se retirant.

Une branche d'arbre passait à travers le plancher, étirait ses branches jusqu'au mur, remontait vers le plafond, continuait sa montée à l'extérieur. De tous les hôtels où j'avais séjourné, jamais une chambre n'avait eu tant de charme. J'allai à la fenêtre; non loin, un acacia émergeant de la savane et paré de fleurs, étendait ses branches comme un grand parasol jaune dans le soleil qui tirait sa révérence. Un petit singe beige se dandinait dans les longues herbes. D'un bond, il sauta sur le rebord de ma fenêtre et colla son museau à la vitre. Ma surprise passée, pour m'amuser, je lui fis quelques singeries en mimant ses attitudes. Je venais de me faire un ami et notai aussitôt dans mon carnet:

1er spécimen - catégorie: singe;
Endroit: ma chambre
Heure: 15H55.

En vitesse, je pris une douche avec un savon spécial non parfumé qui avait la particularité de ne laisser aucune odeur afin de ne pas éloigner les bêtes. Je perdis un temps fou à vouloir contourner l'arbre dans ma chambre pour prendre des vêtements élégants dans ma valise. Je vous assure, vivre avec des branches d'arbre demande de l'énergie et beaucoup de patience! Enfin j'étais présentable. Je fermai ma porte et sortis. Au Treetop, on ne barre jamais les portes. Lorsque le veilleur annonce un animal en vue, il imite le cri dans une corne et on sort en vitesse pour ne pas rater cette occasion privilégiée. Ici, c'est la nature même qui surveille nos biens. Voici comment: il est interdit et impossible de mettre le pied à terre. Un brutal rappel aux statistiques aura tôt fait de freiner tout voleur audacieux qui devra redescendre la longue échelle et se sauver avec son butin alors que plus de mille lions vivent en liberté dans ce parc national.

Le corridor était silencieux, rempli d'ombres. Dans la salle à dîner, de longues tables étaient joliment dressées dans un décor rustique et l'odeur qui s'échappait des cuisines était prometteuse. Je m'attardai à la galerie de portraits pour contempler "les grands de ce monde" qui avaient dormi au Treetop: Edward VIII pensif, Churchill et son éternel cigare, des présidents, des acteurs de cinéma, etc. Devant celui de la Reine Elizabeth, je dois avouer que juste l'idée de l'imaginer en train de perdre aussi son chapeau dans l'échelle me dérida. Au salon, le cocktail était servi, subtil et légèrement hypocrite, juste ce qu'il faut pour délier les langues et faire connaissance. Au dîner, je garde encore le souvenir d'un délicieux pâté de gnou.

Assise à l'extérieur contemplant les premières étoiles, j'eus la surprise de voir arriver mon petit singe et il s'en fallut de peu qu'il parte avec ma caméra que j'avais imprudemment placée à mes côtés. Il sauta sur le dossier de ma chaise avant de me faire la révérence. J'écrivis dans mon carnet: Spécimen: singe; endroit: galerie nord; heure: 21H55 et je regagnai ma chambre au pas de loup, persuadée qu'après une telle journée, j'allais bien dormir.

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Hou! Hou! Deux longues plaintes suivies d'un souffle. La corne du veilleur se faisait entendre. J'enfilai ma robe de chambre et me heurtai aux autres pensionnaires. Quel spectacle! Tout près de la galerie, deux lionnes fatiguées d'avoir chassé se reposaient, encore haletantes, dans les longues herbes. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de ce tableau, vivant au rythme de la respiration des fauves épuisés. Lorsque l'une d'elle bailla, j'en fis tout autant et retournai me coucher.

Spécimen: lionnes (2);
Endroit: galerie nord-est
Heure: 2H45

Hou! Hou! La corne se fit de nouveau entendre et le message ressemblait au précédent. La nuit tirait à sa fin et des éléphants se dirigeaient vers un plan d'eau. Je suivis cette procession, les yeux mi-clos, blottie au creux d'un fauteuil d'osier.

Spécimen: éléphants grands et petits (17);
endroit: galerie est
heure: 5H10.

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Attentif à mon confort, le boy m'apporta une couverture de laine. Frileuse, je restai à écouter les bruits et les silences. Une barre rose striée d'or à l'horizon marqua le début d'une belle journée. Une hyène tachetée se mit à rire, des oiseaux sortirent de leur nid, quelques gazelles de Thomson se délièrent les pattes comme de gracieuses ballerines ... la savane se réveillait. J'inscrivis le tout dans mon carnet. Courbaturée, je sortis de mon enveloppe, heureuse, avec l'impression d'avoir assistée à un spectacle orchestré par un metteur en scène exceptionnel.

Sur la pointe des pieds, je traversai le salon où quelques dormeurs y avaient élus domicile entre deux observations. Sans faire de bruit, je me versai un thé bien chaud et je regagnai ma chambre une fois de plus, pour tomber dans un sommeil mérité.

9H00 du matin - Je n'entendis pas la musique de mon réveil-matin. C'est le petit singe qui m'éveilla en grattant à la fenêtre. Je lui souris avec reconnaissance car nous approchions de l'heure du déjeuner et les émotions de la nuit avaient creusé mon appétit. Je m'étirai paresseusement, regardai le plafond. Non, ce n'est pas un rêve! Une feuille de l'arbre tomba; je la ramassai précieusement car, de ce séjour, je voulais en garder toutes les parcelles de souvenirs pour m'en fabriquer, les matins d'hiver des réserves de bonheur.

La bibliothèque était bien garnie et renfermait des trésors de lecture. La couverture d'un livre attira mon attention mais l'auteur m'était inconnu. Je feuilletai les pages abondamment illustrées et l'index invitant. Assise sur la véranda, mes jumelles et ma caméra à mes côtés, un grand verre de jus d'hibiscus sur le bras de ma chaise, la savane à mes pieds, je commençai ma lecture. J'appris ainsi que c'est la lionne qui chasse et apporte la nourriture à la famille. Elle attrappe environ 30 victimes complètes chaque année, ce qui fait sa force et son orgueil. Une lionne trop âgée ou malade sera abandonnée. J'appris aussi qu'un lion adulte requiert près de 30 kilos de nourriture par jour; alors, pour compléter son menu, il peut voyager de 10 à 12 milles en 24 heures pour aller chercher ce qui lui manque, quitte à voler aux autres animaux le reste ou la totalité de leur repas. Après tout, n'est-il pas le Roi des animaux dans les plaines du Kenya et l'Aristocrate de la savane africaine?

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Les heures passaient, dans le calme. Je ne reçus même pas la visite de mon petit singe. Je posai mon livre afin de perdre mon regard dans cette immensité. Tout à coup, je vis une nuée de poussière s'élever au loin puis j'entendis la corne résonner, fracassant le silence. Un animal était à portée de vue. Je saisis mes jumelles ... un énorme rhinocéros venait vers nous. La véranda fut alors prise d'assaut. C'était dramatique, épeurant. Ayant réussi son effet, ayant calmé sa rage, il changea de direction à notre soulagement. Ouf! Trois fois Ouf!. D'une main tremblante, j'inscrivis:

Spécimen: rhinocéros;
endroit: galerie sud;
heure: 15H32.

Incapable de poursuivre ma lecture, j'allai remettre le livre sur les rayons, échanger mes impressions avec d'autres observateurs aussi secoués que moi. Je me calmai avec un bon cognac avant de retourner dans ma chambre. Le départ, déjà prévu pour le lendemain, je commencai à m'y préparer en attendant l'heure du souper. Spécialement choisie pour ce repas d'adieu, je sortis de ma valise une robe longue aux imprimés de zèbre sur fond ocre. Quelques regards appréciateurs chassèrent ma nervosité car si j'aime les voyages, je déteste les adieux. Le cocktail, la conférence, les échanges d'opinions, les comparaisons de nos livres de bord furent autant d'éléments qui ont marqué cette soirée. Le souper fut à la hauteur de la réputation du Treetop et la nuit, plutôt calme.

Le départ
Après de nombreuses poignées de mains, ce fut à mon tour de descendre l'échelle de corde.
- Ne regardez pas en bas! me dit le ranger.
Je comptais un barreau, deux barreaux, en regardant le ciel sachant fort bien que j'avais près de 13 m de vide en dessous de moi. Merde! Mon petit singe apparut et ouvrit sa gueule me laissant voir en vis-à-vis ses dents cariées. Il sautillait et poussait des cris. Je restai figée sur le huitième barreau. Le boy le chassa et je repris la descente, plus morte que vive. Lorsque je repris contact avec le sol, j'entendis un bruit dans les feuilles; je retournai la tête. Mon petit singe était assis sur une branche, me regardant partir.
- Il vous avait adoptée dès le début et, tantôt, il avait deviné votre peur.
Je ressentis alors une immense tristesse et le regardai avec d'autres yeux. Il était devenu si sage que je ne pus m'empêcher de sourire. J'agitai ma main et sautai sur place. Il comprit mon message et me répondit par des cabrioles. Je sortis mon petit carnet et inscrivis: 13H45 ... une larme glissa sur ma joue et barbouilla l'encre du calepin. Il avait été le premier spécimen inscrit ... et le dernier, noté en dessous de la tache d'encre. Je l'avais baptisé "Mawe", petit roi, en souvenir d'une légende africaine. Puis il disparut dans le feuillage épais d'un boabab.

Lorsque la barrière du parc se referma, juste avant de monter dans la jeep, je vis au loin un éléphant escorté d'aigrettes blanches, tel un tableau idyllique et maintenant familier marquant ainsi la fin d'une autre belle aventure. Mais je reviendrai.

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Réflexions
L'Afrique demeure un constraste frappant avec sa misère ambiante et son luxe surprenant. Par exemple, au Treetop, dans cet hôtel rustique où l'on accède par une échelle de corde, un boy, en livrée et gants blancs immaculés me servira le champagne dans une flute de crystal pendant que j'observerai un léopard déguster sa proie, pendant que moi, sur un arbre perchée, je noterai l'heure de ce spectacle. Spectatrice privilégiée, je me dis que cet animal qui lutte pour sa survie, devant moi ou sans moi, aurait pris son repas. C'est la loi de la jungle!

J'ai entrepris ce voyage afin d'observer les animaux, de découvrir des particularités culturelles et ethniques, revoir ces populations profondément attachées à leurs coutumes, voir défiler les heures sans regarder ma montre car le temps ne se mesure pas en terre africaine.

Dans mes souvenirs vient se superposer la trame sonore d'une chanson de Michel Sardou ...
On pense à toi, Bwana!
Dis-nous ce que t'as pas, ou en a!

Saviez-vous que ...

  • un ranger est un garde-chasse appartenant au Département des Eaux et Forêts
  • la gazelle de Thomson est reconnue pour ses bonds prodigieux
  • le baobab est un arbre au tronc énorme qui peut atteindre 10 m de diamètre et pousse dans les régions africaines. On le retrouve même aussi en Australie
  • le gnou est un bovidé africain bossu, aux cornes très recourbées, mesurant 1,20 m au garrot. Il tient du buffle.
  • la hyène est un mammifère carnivore de la taille d'un gros chien mesurant entre 1 m et 1,40 m de long. Son pelage est gris ou fauve, tacheté ou rayé. Elle se nourrit des restes d'animaux tués par les grands fauves.
  • le rhinocéros est un grand mammifère herbivore aux formes massives et trapues. Sa peau est épaisse, peu poilue. Il porte une ou deux cornes à l'extrémité de son museau. Après l'éléphant, c'est le plus gros mammifère terrestre mesurant 4 m de long et pesant environ 3 tonnes.
 
 
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