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Terre-Neuve - Anse-aux-Meadows

Remerciement
Remerciement

Nous tenons à remercier pour avoir rendu possible
ce reportage

Anse aux Meadows - Terre-Neuve

La veille, sur le tableau afficheur de la salle à dîner, on avait inscrit au menu… Lapin. Je sentis alors un frisson parcourir mon épine dorsale. Du lapin! Il y avait du lapin à bord de l'Écho des Mers!

Je dormis mal et m'éveillai lorsque je roulai de ma couchette sans bord de protection et m'écrasai sur le plancher. La coursive était éclairée et son hublot fouetté par une pluie torrentielle. A 7 heures, j'arrivai à la salle à dîner où les passagers avaient perdu l'appétit et le sens de l'humour. Quelqu'un passa à côté de moi, pressé, en serrant son petit sac de papier. Je l'arrêtai et lui conseillai de s'accouder au bastingage en cherchant l'horizon. Un souffle de vent sur la figure est un signal sensoriel qui aide à rétablir l'orientation… et en ce matin de tempête il serait comblé.

A 8 heures, l'ancre fut jetée. La pluie tombait toujours en rafales. Quelques braves avaient revêtu ciré, vêtements chauds et veste de sauvetage pour se rendre à l'Anse aux Meadows, ce coin autrefois baptisé " anse aux méduses " par des pêcheurs basques qui avaient constaté la présence de ces " bestioles " dans la mer. Les Anglais qui leur ont succédé ont mal compris et confondu méduses et " meadows " qui pouvaient désigner les grands prés autour du village.

La brume s'effilochait et je n'arrivais pas à prendre une décision. Les zodiacs ondulaient dans l'eau grise avec, à bord, les premiers passagers. Ils disparaissaient dans les vagues puis remontaient dans l'écume blanche. Le nez collé au hublot, malgré mon chandail de laine, je tremblais… mais était-ce de froid? Ma mémoire alors me transporta au milieu de l'Atlantique où, blessée, je luttais pour survivre.

Non, je resterai bien au chaud et consacrerai mon temps à l'écriture.

Le silence remplit
la salle de lecture
réveillant par ce temps gris
une ancienne blessure!

Anse aux Meadows - Terre-Neuve 1
Un peu d'histoire…

Lorsque l'on vint me servir mon dîner dans la salle de lecture, je déposai mon stylo et vérifiai la hauteur de la houle. Je me félicitai d'être restée au sec. Je savourai mon café et poursuivis mes recherches. J'appris ainsi qu'en 1960 les archéologues Helge et Anne Stine Ingstad découvrirent sur ce bout de terre les vestiges de logements scandinaves. Est-ce ici qu'Eric le Rouge aurait vécu? Le but de ces excavations était de déterminer la présence des Vikings et leur faзon d'y vivre.

Nul doute qu'il y a près de mille ans, des marins norrois, sans doute originaires d'Islande, ont posé le pied et fondé ici une colonie. Ces norrois étaient si peu terribles que le terme " Viking " en devient injurieux car il signifie " piller ". Il était utilisé à seule fin de les dénigrer. Mais ces guerriers étaient, et on semble l'oublier trop souvent, de remarquables forgerons et agriculteurs. Et que dire de leur casque à cornes! Ce sont ces mêmes Anglais qui les ont illustrés ainsi pour les rapprocher du diable dit-on. Si peu terribles, qu'ils ont quitté l'île, incapables de défendre leur village face à ceux qu'ils appelaient " Skraelings ", les autochtones.

Aujourd'hui vous pouvez visiter sur ce Site du patrimoine mondial de l'UNESCO, situé à l'extrémité de la péninsule nordique de Terre-Neuve, une reconstruction du village et revivre un moment de l'aventure rude des Vikings, accompagnés de guides costumés qui reconstituent leur vie quotidienne.

La pluie continuait à fouetter le hublot. Je vis alors la barque ramener les courageux et me précipitai dans la coursive. Ils étaient trempés à l'os et peu enclins à me raconter leur aventure. " Sacré temps " me dit un marin jetant son ciré sur les cordages. La pendule marqua 15H00 et l'Echo des Mers mis le cap sur l'Ile Providence (Tête à la Baleine).

 
 
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