Mont Carmel
Selon un ancien sage, la nature apporte la paix de l'âme et dispose le corps à en recevoir les bienfaits. Autre temps, autres façons d'y parvenir... la relaxation et le bichonnage. J'avais décidé de commencer mon aventure par le mont Carmel d'où, à la tombée de la nuit, on découvre les lumières qui scintillent tout autour de la baie. C'est ici que se dresse le Mausolée coiffé d'un dôme d'or (cf. la photo ci-haut), le lieu le plus sacré de la religion Bahaï, au milieu de jardins exotiques. C'est aussi ici, dans la forêt, que se trouve le Carmel Forest Spa Resort...

Haïfa est le point de départ pour des excursions en Galilée. Revigorée par mon séjour au spa, j'étais capable de traverser 2 000 ans de civilisation.

Nous longions la Méditerranée et ses acres de terres manucurées, terres fertiles où poussent arbres fruitiers et vignobles. Je ne fis que passer à Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais, pour m'arrêter à Jaffa.

D'après les échos bibliques, c'est ici même que Jonas embarqua en Méditerranée pour fuir les exigences divines avant d'être englouti dans le ventre d'une baleine. Après son repentir, l'Eternel le délivra, et le prophète accosta sur une des plages du sud de Jaffa... C'est une ville romantique où il fait bon déambuler: le vieux port antique, les minarets, les ruelles pittoresques, le parc Yafo, l'ancien quartier construit dans le style turc, les restaurants de poissons, le marché aux puces...

Jérusalem
Je fermai les yeux pour mieux me souvenir de mes cours d'histoire lorsque j'étais enfant. Jérusalem, la ville de David, bâtie à 800 m d'altitude sur les collines de Judée a 3000 ans d'existence. Capitale éternelle du peuple juif et capitale de l'Etat d'Israël, elle porte en elle un message spirituel. Son nom signifie PAIX. Que l'on approche de la ville en venant de la plaine côtière à l'ouest ou des étendues désertiques de la Judée à l'est, le contraste est visible, spectaculaire. Même l'air devient plus pur et plus vif. Selon la légende, lorsque Dieu créa la terre, dix mesures de beauté lui furent accordées, neuf furent données à Jérusalem et la dernière fut répartie sur le reste du monde.

La vieille ville de Jérusalem est entourée de murailles et on peut y accéder par sept portes; la huitième appelée aussi porte Dorée mais également appelée en hébreu et en arabe "Porte de la Miséricorde" est murée depuis plusieurs siècles. Selon la tradition juive, c'est la porte par laquelle le Messie entrera dans la ville.

Je décidai de m'arrêter pour m'acheter une couverture tissée non loin d'un kibboutz. Sur le Mont des Oliviers, dominant la vallée du Cédron, face aux murs de la vieille ville, j'étendis ma couverture sur l'herbe, que le soleil avait rendu anémique. J'ouvris mon panier et me préparai à déguster mon pique-nique, admirant, tout en bas, cette mer que le soleil parsemait de pépites d'or.

Mon panier vide, je m'étendis et repassai dans ma mémoire ma visite à Bethléem. Bâtie sur deux collines, à 9 km au Sud de Jérusalem, on s'y rend dans un paysage ludique de vignes, figuiers et oliviers. Comme Marie, autrefois, j'entrai dans la ville à dos d'âne, Joseph... sans doute occupé ailleurs ne m'accompagnait pas! Je traversai la ville où les odeurs se mêlaient aux caprices d'une brise chaude mais bénéfique... le soleil tapait dur. Le temps semblait suspendu. Les échoppes d'où émanaient les parfums des épices inconnues me firent retrousser le nez et rêver de Noël. Je stoppai ma monture qui, trop heureuse de se débarrasser de sa cavalière, laissa tomber en guise de soulagement un petit tas brun et fumant. Bethlehem signifie "maison du pain". C'est ici que naquit Jésus-Christ, mais c'est également le berceau du roi David. J'entrai dans la basilique recouvrant la "grotte de la Nativité". Tandis que je descendais les grosses marches taillées dans la pierre un rabbin me frappa sur l'épaule en me tendant mon appareil photo que j'avais laissé tomber près de l'enclos aux ânes. Je le remerciai d'un sourire car les mots se seraient répercutés dans la voûte. Ce lieu saint attire les gens de toutes croyances, me suis-je dit.

Une femme étant toujours une femme, je me laissai ensuite tenter, sur la grande place, par un bijou en nacre, une des spécialités de l'endroit. Tandis que je faisais miroiter ma bague pour capter les rayons solaires, une musique venue de nulle part, peut-être simplement le vent jouant dans les feuilles...je glissai dans une sieste paresseuse.

Puis je continuai en direction de la Mer Morte, la "mer de sel" comme on l'appelle en hébreu est l'ancien site de Sodome et Gomorrhe détruits d'après les échos bibliques, par la colère divine.
Imaginez un désert aux tons ocre, rouge et or. Cerné çà et là de montagnes ou d'oasis inattendues, avec leurs palmiers-dattiers au détour des randonnées...
Imaginez cette immense étendue d'eau turquoise et opaline d'où surgissent telles des statues de marbre, d'imposants blocs de sel... Vous êtes sur les rives de la Mer Morte, à 400 mètres au dessous du niveau de la mer: le point le plus bas du globe. Et la mer la plus salée du monde... D'ailleurs, il est impossible de s'y noyer, on ne peut que flotter. Aucun poisson, aucun mollusque... et je flotte paresseusement dans cette mer qui date de plus de milliers d'années, les rayons du soleil jouant sur ma peau, naturellement filtrés... un plaisir qu'on peut satisfaire à l'excès ou jusqu'à la béatitude. Puis je me suis immergé dans les bains de soufre, fait badigeonner de boue noire. Sur le moment, j'avais une bien curieuse allure, mais les résultats sont surprenants. Ma peau était lisse et satinée. Pour en connaître ses bienfaits, cf. La Mer Morte.

Non loin des rives de la Mer morte, je contemplais les ruines des cultures anciennes, la forteresse de Massada où le roi Hérode avait élu domicile en 35 avant J.-C.. Pour moi, point de téléphérique. J'attaquai à pied la falaise pour aller visiter le palais, empruntant la même route que les Juifs Zélotes qui avaient fui les Romains en 70 de l'ère chrétienne, suite à la destruction du Temple de Jérusalem et avaient trouvé refuge sur cette terre aride. J'en garde un souvenir comme une toile de maître avec ses ocres et ses beiges mêlés aux dorés du sable. Massada est une ville de contradiction. Même s'il y a beaucoup de monde, on peut dire que c'est une ville de silence. Les bruits, les pas sont feutrés. J'entends le murmure de la foule, le tintement des cloches accrochées aux échoppes, le pan des robes des femmes bruissant entre les objets comme des chuchotements lointains et impalpables. C'est une ville de douceur entourée de mystères.

Puis c'est le désert du Néguev, délimité par la Méditerranée, le Sinaï, les Monts de Moab et le désert de Judée. Montagnes escarpées et wadis cachés, canyons en forme de cratères et dunes de sables, pendant des millénaires, le Néguev fut traversé par la route des épices empruntée par les caravanes de chameaux qui transportaient les richesses de l'Orient vers les empires situés sur les rives de la Méditerranée.
Puis je m'arrêtai au kibboutz de Yotvata, à 40 km d'Eilat, célèbre pour ses produits laitiers, une étape quasi obligatoire pour y déguster un yogourt après la traversée du désert. J'avais choisi un yogourt aux raisins dans un grand plat rectangulaire. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir une femme passer une cuillère sur le plat et tous mes raisins s'envoler par la même occasion! Puis, indifférence, elle me remplit un cône de papier de ce laitage avec la même cuillère de bois...

Avant de quitter ce pays qu'on voudrait garder en soi, je décidai de piquer une pointe, c'est le cas de le dire, sur Eilat, au bord de la Mer Rouge. La ville est irrévocablement rattachée aux pages de la Bible de par la rencontre entre le Roi Salomon et la Reine de Saba (l'ancien Yémen). De leur union seraient descendus les Juifs noirs d'Éthiopie dont la plupart résident aujourd'hui en Israël. C'est le parcours obligé du voyageur en Terre Sainte qui, après s'être imprégné de tant d'histoire et de mysticisme, aspire à la fraîcheur et au dynamisme d'une station imprévisible et dépaysante.
J'entrai au Herods Vitalis Spa faire une troisième cure, histoire de me dépoussiérer un peu de tant d'histoire accumulée.