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Suivez Jacline au Japon - Coutumes, Religions et Geishas

Le Japon est un pays séduisant et mystérieux qui attire. Ce n'est plus le bout du monde au niveau du transport mais c'est encore le bout du monde. Au pays des samourais, le temps n'a qu'effleuré la tradition et si les usines mettent sur le marché l'avant-garde des produits voituriers, électroniques et autres, la face cachée du Japon repose sur des croyances ancestrales qui apportent dans le quotidien le respect des choses et la beauté symbolique du geste.

Un moment de détente
En pénétrant dans ma chambre, j'y découvris une odeur de cyprès qui m'était devenue familière. Je décidai de prendre un bain. Une porte coulissante donnait accès à une espèce d'étuve aux parois en planches de cyprès qui dégage des fragrances venant se mêler aux volutes de vapeur et qui enchante. Plaisir sensuel direz-vous! Peut-être pour l'Occidental à l'esprit mal tourné mais habitude jugée normale chez les Nippons. Je pénétrai dans l'eau et mon corps s'habitua à ce contact brûlant. Avant, j'avais pris soin, comme on me l'avait enseigné, de me frotter à l'eau très chaude avec du savon et à me rincer afin de ne pas souiller la propreté immaculée de mon bain. Je m'assis à une extrémité de l'étuve sur un petit banc aménagé à quelques centimètres du fond. Ainsi immergé, je me détendis et sentis progressivement se fondre la fatigue de la journée.

Mariage shintoiste à Nikko
Après une bonne nuit de sommeil, je retrouvai au réveil mon livre de chevet. Avant de m'endormir j'avais appris un peu l'histoire des prêtres shintoistes et je sus alors comment je voulais passer les heures à venir.

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Mariage traditionnel
Hideki, mon guide et fidèle compagnon, m'attendait dans le hall et je l'invitai à déjeuner. Il refusa, me disant qu'il avait déjà avalé un grand bol de miso - une soupe blanche qui comporte des copeaux de courge surmontés de moutarde forte. Je lui fis part de mon désir de visiter un temple et nous partîmes pour Nikko. Je franchis le seuil du temple de Toshogu, tel sorti d'un conte. Un prêtre shintoiste y célébrait un mariage. Devant un autel surchargé d'offrandes, une jeune épousée était agenouillée à côté de son mari. Elle était divinement belle dans sa robe de soie et sa lourde perruque était cachée par un "cache-orgueil" (Tsunokakushi), un bandeau de tête qui symbolise sa résolution de ne pas se montrer jalouse. Les prêtres étaient vêtus de blanc tandis que des musiciens coiffés de chapeaux noirs pointus jouaient des airs composés il y a des siècles pour la cour impériale. Hideki me fit remarquer que nous avions été suffisamment indiscrets et que nous devions partir.

Comme pour me remercier d'avoir observé un si parfait sîlence, mon guide m'expliqua que le "Sansankudo" est un des instants les plus importants de la cérémonie - le nom signifiant littéralement Trois, Trois, Neuf fois. La coutume veut que les époux boivent chacun trois gorgées de sake froid dans trois tasses en laque; trois étant un nombre chanceux et neuf, le plus propice de tous les nombres. Cette combinaison heureuse de chiffres marque la fin de la cérémonie. Ensuite, les membres de la noce se réunissent pour un grand banquet. L'épousée troque alors sa robe contre un kimono de couleurs vives et change sa perruque dont l'arrangement symbolise son nouvel état.

La famille est une religion et la demeure familiale, un temple
Attentive j'écoutais Hideki. La religion shintoiste était pratiquée autrefois, explique-t-il, par un peuple vivant en communion avec la nature et elle reste, de nos jours, étroitement liée à la notion de la fertilité du sol et de la richesse de la mer. Deux autres religions, l'une et l'autre d'origine étrangère, sont venues se greffer à la doctrine shintoiste: l'une tirant ses préceptes de la haute philosophie, l'autre de la métaphysique plus complexe. En somme, ces trois doctrines religieuses, dit-il, se soutiennent fort bien l'une et l'autre et constituent surtout une conduite de vie, de haute morale par laquelle la piété filiale, le patriotisme, l'honneur et la loyauté sont prônés au-dessus de toutes autres vertus.

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Chemin faisant, nous nous arrêtâmes à un petit restaurant pour y déguster un "Aisukurimu", "une crème glacée des Américains" car il faut bien le dire, depuis l'occupation américaine qui suivit la Seconde Guerre Mondiale, les Japonais se sont familiarisés largement avec les usages culinaires de ces derniers.

Pendant les jours qui suivirent, je fis la découverte de Nara, l'ex-capitale, l'omniprésence de Bouddha, les laques "makie" ornées de motifs en poudre d'or sur fond noir, le buste géant de Daibutsu, la deuxième plus grande statue du Japon, la pagode de Horyuiji. J'assistai, ravie, au théâtre classique qui plonge ses racines dans les liturgies shintoiste et bouddhiste: le Noh, véritable reflet de la spiritualité nippone. Souriant de mon ignorance, Hideki me fit découvrir le "Kabuki", qui, au contraire du Noh, est plus accessible.

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Longtemps je restai à ma fenêtre. La lune avait pris la couleur du pays comme pour me faire plaisir. Elle éclairait les collines boisées et doucement ondulées, me donnant ainsi un tableau saisissant d'une sublime beauté. Une leçon d'histoire me revint en mémoire: Une atmosphère de sang et de folie plana autrefois sur le Japon. Kyoto fut prise et brûlée par deux fois. En l'an 1600, les Tokougawa parvinrent au pouvoir suprême clôturant l'ère des guerres civîles et pendant deux cent cinquante ans, les Shogouns de la famille donnèrent au Japon une incomparable splendeur à la fois politique et artistique.

Je me rappelai aussi que ce fut au temps où l'Empire romain succédait à la République romaine que se créait au Japon cette dualité des pouvoirs entre le "Mikado" et le Shogoun, ce dernier étant une créature du premier, une dualité qui devait durer jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Invitée à une Geisha Party

Élégante, je courus prendre un taxi. Je replaçai la housse de coton blanc brodé - qui recouvre le siège des passagers - que dans mon empressement j'avais drôlement déplacée. Mon chauffeur ayant accepté mon pourboire par inadvertance me rattrapa pour me le restituer. Je me rendis compte de ma maladresse car c'est le seul pays au monde que je connaisse où les pourboires sont systématiquement refusés. La maison était vaste et admirablement meublée en style japonais, bien entendu, mais je l'avoue, je n'eus de yeux que pour la jolie domestique qui m'enleva mes chaussures dès l'entrée. Je fus introduite à grand renfort de courbettes dans une immense salle aux shoji (stores) tirés, éclairée par des lanternes aux tons pâles. Tous les invités étaient Japonais sauf deux Américains, un Belge et moi-même.

Chacun avait sa Geisha qui s'agenouillait près de son coude droit. La mienne semblait plus jolie que les autres. Très maquillée, elle portait un beau kimono, un pesant obi (ceinture dorée) de sorte qu'il m'aurait été presque impossible de la toucher. Sur la table, j'assistai à un défilé de plats succulents tandis qu'avec des gestes gracieux, les Geishas remplissaient les tasses de Sake. L'œil aux aguets, elles repéraient immédiatement les tasses qui étaient vides et la réunion se fit de plus en plus bruyante et les joues de plus en plus cramoisies.

Vers la fin du Kaisiki (repas), une femme ridée comme un parchemin mais d'une dignité remarquable, vint s'installer dans un coin, s'inclina et commença à jouer du "san-chu" (guitare orientale). Les Geishas s'assemblèrent tout près d'elle. Tandis que l'artiste égrenait les notes, elles dansaient, véritables poupées de porcelaine qui tournaient comme irréelles. Tout m'enchantait: leur mouvement d'éventail, l'envol léger de leurs manches de kimono. Elles mêlaient leurs mouvements gracieux aux attitudes hiératiques et, dans des figures formelles modelaient leurs pas aux traditions millénaires.

Le mot Geisha signifie Artiste et j'en avais la preuve tant la chorégraphie de leurs danses était savante. Voyant mon admiration, mon voisin, un Japonais "pure soie", me renseigna:

  •   les Geishas, les vraies, dit-il, ne sont pas des entraîneuses. Il ne faut pas confondre. Elles sont souvent filles de Geisha, orphelines ou choisissent ce métier par goût. L'âge moyen est de 27 ans et pour devenir Geisha, il n'est pas besoin d'être jolie. À présent, la loi exige que les jeunes filles aient terminé leur premier cycle supérieur et les débutantes ont en moyenne 16 ans. L'apprentie Geisha, la Maiko, est en principe une jeune vierge et porte un kimono spécial. On enseigne à la Geisha l'art de la beauté. L'apprentissage dure quatre ans et développe l'équilibre, le charme et l'esprit. Hôtesse et dame de compagnie, elle pourra danser, chanter, jouer d'un instrument, réciter des poèmes, dessiner de petits tableaux pour distraire le convive, versera à boire, boira si on l'y invite mais il n'est pas d'usage qu'elle accepte ... une proposition.

Actuellement, la profession de Geisha s'est légèrement dégradée durant la guerre mais reprend peu à peu toute sa dignité. En arrière-plan, j'entendais des brides de poèmes qui volaient littéralement au-dessus de la longue table basse. L'excitation devenait collective et les "Kampai", les toasts où l'on boit cul sec déchaînaient les rires. Aux poèmes succédèrent des jeux. Certains posaient d'astucieux problèmes quand il s'agissait, par exemple, de déplacer un nombre limité d'allumettes pour reconstituer une figure géométrique précisée à l'avance. Hélas, la soirée s'acheva et je fus stupéfaite par la rapidité de la métamorphose qui transforma mes compagnons débridés en hommes d'affaires à l'impassibilité bien japonaise qu'exige le monde extérieur.

De retour dans la quiétude de ma chambre d'hôtel, je compris que j'avais, une fois de plus, reçu la démonstration de l'aptitude des Japonais à toujours vivre en harmonie avec les lieux et les circonstances.

Le temps a passé mais encore pour moi le souvenir de l'éventail fleuri de ma petite Geisha continue de s'agiter doucement et, lorsque les épreuves de la vie quotidienne viennent traverser ma route, je tente de relever la tête et de retrancher mes sentiments sous un masque impassible de porcelaine...

Pour en savoir davantage, suivez-moi chez Hideki pour connaître d'autres coutumes et les Manières de table

 
 
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