Ouvrir une session English
 
Suivez Jacline de La Paz à Lima

Suivez Jacline au Pérou > La Paz - capitale de la Bolivie
Respirez : vous êtes à plus de 3 600m d'altitude !

Je remontai le col de mon gilet car il faisait froid. Nous arrivions en Bolivie. Mes doigts engourdis cherchèrent mes lunettes d'approche afin de contempler la Cordillera Real. Je montai les marches de pierre, essayant de garder un certain équilibre car les gens, pressés, me bousculaient sans s'excuser. J'étais pour eux qu'une simple touriste et qu'allais-je faire au marché? Avant d'aller m'acheter quelques gâteaux, je m'arrêtai éblouie dans cette ville animée ayant comme toile de fond les cimes aux neiges éternelles. Je regrettai de ne pas avoir mes skis car j'aurais pu prendre le téléphérique qui m'aurait amené à 5 200 m au-dessus du niveau de la mer, fendre le vent à grande vitesse dévalante, m'éclabousser de neige, devenir célèbre, être remarquée pour mes sauts périlleux ... Non, ne me croyez pas, j'aurais simplement admiré cette Cordillère Royale, le plus majestueux des panoramas de montagne des deux Amériques.
Je passai l'après-midi à visiter La Paz. J'entrai dans l'église San Francisco, confessai mes "petits péchés" en franзais et le prêtre me donna l'absolution entre deux bâillements en espagnol. Je regrettai de ne pas avoir été plus frivole ...Je m'attardai sur l'avenue Buenas Aires et la Ballei de la Luna. J'entrai dans un petit café et j'accumulai plusieurs péchés de gourmandise. Je vis tout à coup "mon curé" traverser la place pour venir me saluer. J'avalai alors trop rapidement la bouchée de crème que j'éternisais dans ma bouche gourmande. La Paz m'avait conquise.

Arequipa
Arequipa se trouve nichée aux pieds de trois belles montagnes qui sont, en fait, trois volcans éteints: le Chachani, le Pichu-Pichu et le Misti, majestueux, tutélaire de la "Ville blanche". Ce dernier, avec son altitude de 5 845 mètres est l'âme d'Arequipa et la source d'inspiration de plusieurs poètes. Cette ville fût fondée par l'Inca Mayta Kapac , envoûté par la beauté des lieux. Les membres de sa suite le prièrent d'habiter cette vallée.
- Ari-que pay! dit-il. Demeurez ici.

Il faisait presque nuit lorsque nous arrivâmes à l'hôtel, mais le ciel avait conservé son bleu légendaire et la noirceur tardait à venir, complice, afin de me donner le temps d'admirer cette ville construite en pierre de lave blanche qui lui donnait un charme fou. L'air était sec et la température idéale.
- 25 degrés C. Jacline, il fait 25 degrés! Vous ne devriez pas frissonner ...me dit l'archéologue

Ah ces hommes? Comment lui expliquer qu'en contemplant ce bleu du ciel si beau, j'étais en train d'en détacher des morceaux pour m'en faire une robe de bal ...

Je dormis à peine, comptant les heures car le programme du lendemain était emballant. Le soleil, dans cette ville au printemps éternel, brillait déjà. Le paysage aréquipénien nous faisait la promesse d'une journée splendide. J'étais saisie par ce charme particulier. Je portais un T-shirt non repassé, un jeans propre mais qui avait maintenant du vécu et les lacets de mes bottines n'étaient pas de la même couleur. Devant le miroir j'ajustai ma casquette sur mes cheveux tressés, enfilai mon sac à dos sur mes épaules et chantai tout bas une chanson que mon père me chantait. Comment ne pas être heureuse par un tel matin!

Nous traversâmes le pont Grau, puis le pont Bolognesi, deux magnifiques ponts qui valent la peine qu'on s'y attarde, la rivière Chili divisant ainsi la ville en deux parties inégales. Nous marchions silencieux, conquis, vers le monastère de Santa Catalina.

Monastère de Santa Catalina
Véritable citadelle, ceinturée par de hautes murailles, je me crus transportée en Andalousie! Une architecture colorée d'ocre rouge où se mêlaient des tons d'ocre jaune, des bleus doux et profonds me rappelèrent certaines régions d'Espagne. Un guide vint à notre rencontre et son regard me fit comprendre son grand savoir et son désir de nous être agréable. Aussi je lui posai un tas de questions et j'appris que le monastère avait été fondé en 1 560 et, jusqu'en 1 970 il demeura isolé du monde extérieur. À un moment donné il fut habité par 200 religieuses cloîtrées et était reconnu comme le monastère le plus prestigieux du pays.

Je déposai, à la sortie, comme le veut la coutume, un petit morceau de papier sur lequel j'avais écrit quelques demandes. Le soleil passant à travers le vitrail éclaira la Vierge et m'en donna la réponse. Le guide avait eu la patience de m'attendre et respecta mon silence. Nous nous arrêtâmes afin de goûter une tisane à la saveur d'autrefois. Une musique venant du cloître arriva jusqu'à nous, m'enveloppant de son mystère. On ne part jamais d'Arequipa sans lui dire au revoir.

Suivez Jacline de La Paz à Lima 1

Nazca
Nous étions arrivés à Nazca en fin d'après-midi. Ma sieste avait été de courte durée mais bénéfique. J'avais mis du temps à me pomponner car j'avais pu goûter au confort de ma chambre: un lit douillet, une vraie baignoire ... le luxe! Enfin! J'avais sorti de ma valise une robe de voile beige qui avait résisté aux faux plis. J'avais emprunté au bouquet placé sur la commode une rose afin de donner du chic à ma coiffure. J'étais redevenue une femme du monde et me reconnus en sortant. Je traversai le parc, m'arrêtant pour contempler les étoiles, avant de me rendre à la salle à dîner. Une voix me tira de ma rêverie
- Para-quien sabe apreciar la belleza, es un lunaz maravilloso

C'est pour ceux qui apprécient la beauté me dit une femme âgée, assise dans un fauteuil roulant, la conférencière que j'allais écouter plus tard et qui allait changer ma vision des êtres et des choses.

Le lendemain matin, je pris un petit avion et survolai avec grand intérêt les rochers et pus suivre ces fameuses lignes et figures de la Pampa Colorada découvertes en 1939 et sources d'innombrables interprétations et théories. Est-ce comme on dit un gigantesque calendrier astronomique créé au début de l'ère actuelle? Mais à quoi et à qui pouvaient servir ce calendrier visible seulement des airs? On pense aujourd'hui que ces dessins sont des copies de figures formées par les étoiles. Je ne fus pas surprise que le ciel de la veille m'eut apparu à ce point extraordinaire. Le petit avion, tel un oiseau, prit de l'altitude et je pus constater que ces motifs gigantesques, dessinés ou gravés dans le désert de Nazca s'étendaient sur des dizaines de kilomètres. Je fus charmée par de curieuses figurines d'animaux stylisés creusées dans les roches. On aurait cru à un livre d'images ouvert. L'avion se posa, je mis pied à terre, telle une enfant, je m'inventai un conte et je le cru.

Iles Ballestas
Le voyage tirait à sa fin et avant d'entrer à Lima, nous nous arrêtâmes aux Iles Ballestas. Avant d'affronter l'hiver, comme il fut bon de visiter ces îles peuplées de phoques, de manchots, de pétrels, de cormorans et d'oiseaux de toutes sortes. Le clapotis de l'eau qu'animaient les rames de notre matelot était musique, le silence brisé seulement par des bruits d'ailes. Le bonheur, la joie de vivre, la paix m'habitaient et je rendis grâce à Dieu d'avoir si bien fait les choses.

Suivez Jacline de La Paz à Lima 1

Lima
Je rentrai à l'hôtel, chargée de paquets, m'arrêtai quelques instants à la réception afin de prendre ma clé. Le sourire du concierge se figea, hésita. Je le laissai à sa surprise! Ignorant l'ascenseur, le gravis les deux longs escaliers sans compter les marches selon mon habitude, mais calculant le temps qu'il me restait encore à Lima. Ouvrant la porte de ma chambre, je me vis dans le grand miroir de la penderie. Il y avait eu, en effet, de quoi surprendre! Je ne m'étais pas déguisée mais je portais, ce jour-là comme les femmes péruviennes, la jupe de tous les jours, simple, brune, sans broderie; la blouse restait coquette avec une dentelle de laine fine au col et aux manches. J'enlevai ma jupe, la déposai à plat au fond de ma valise. Je pliai la blouse avec précaution mais où trouver la place convenable pour ranger mon chapeau tout rond! Les images se succédèrent et je me revis sur la rive ouest du lac Titicaca où je m'étais embarquée pour les îles flottantes. Ces îles de roseaux peuplées de pêcheurs descendant des Uros. Vêtue telle que décrit, j'avais attiré l'attention d'une femme portant un bébé pleurant à chaudes larmes. Puis le bébé s'était calmé et m'avait tendu les bras. Gênée, la maman s'excusait maladroitement; moi, ravie, j'avais pris le bébé dans mes bras, essayant de ne pas tomber sur ce plancher nouveau genre. J'inventais une danse nouvelle et commencai à rire. Le bambin ainsi bercé en fit tout autant. Il s'agrippa à ma tresse de cheveux. L'équilibre atteint, je remis l'enfant à sa mère et rajustai mon chapeau. Mon chapeau! J'y étais attaché! Je l'avais porté, protégé de la pluie et de la poussière et maintenant, je cherchais une place dans mes bagages pour y faire faire le voyage! Soudain j'aperзus des taches sur la calotte, comment était-ce possible! Je l'approchai sous la lampe afin d'y voir plus clair. Ces taches étaient tout simplement trois petits doigts sales que m'avait laissé l'enfant que j'avais consolé.

 
 
Autres Articles
Recherche
 
Infolettre
Rechercher dans le site
Trouver
 
Inscrivez-vous gratuitement et recevez notre infolettre offcielle
S'inscrire