"On s'en va aux p'tits poissons des Chenaux ! "
Au Québec, à cette seule mention, on pense immédiatement à Sainte-Anne-de-la-Pérade, capitale de la pêche aux poulamons, ce petit poisson d'à peine 160 millimètres qui remonte le Saint-Laurent pour venir frayer par millions dans la rivière Sainte-Anne dès la fin de l'automne. Chaque hiver, la pêche blanche transforme le paysage. La rivière affiche alors des allures de carte de Noël, avec son village de pêche composé de petites cabanes de bois chauffées, déposées à même le cours d'eau bien gelé.

La légende
Selon la légende, la pratique de la pêche aux petits poissons des chenaux remonterait à l'époque de la colonisation, vers 1677. Cette année-là, les habitants de la région de Trois-Rivières connurent une grande famine : les récoltes avaient été détruites par des pluies dévastatrices et la chasse se montrait peu généreuse. Les fêtes de Noël s'annonçaient plutôt maigres ... Il en était ainsi dans la maison de Jacques Turcotte et sa famille, où même le 24 décembre, les victuailles manquaient cruellement. Résignés bien qu'affamés, Turcotte et son épouse avaient alors convenu de ne pas réveillonner au retour de la messe de minuit, au grand dam des enfants. En cette triste nuit de Noël, la petite famille se préparait à se coucher lorsque M. Turcotte sortit puiser de l'eau à la rivière. Il prit son seau et sa hache - pour casser la glace - et revint peu après avec une chaudière pleine d'eau ... et de poissons ! Une vraie pêche miraculeuse ... La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et bientôt tout le village réveillonnait de "petits poissons des chenaux". Depuis ce jour, on qualifie à juste titre le poulamon de la rivière Sainte-Anne de "manne de Noël".

Quand la pêche survit à la légende
C'est par pur hasard, en 1938, que fut découverte la pêche aux petits poissons des chenaux. Un Péradien, s'affairant à couper des blocs de glace pour les glacières de ce temps, aperçut quelques poissons folâtrant sur le sable, au fond de la rivière, et c'est ainsi que commença la grande aventure. La bonne nouvelle se répand. Plusieurs personnes construisirent alors des cabanes. Les petits poissons de la Pérade firent parler d'eux dans le voisinage, puis leur réputation s'étendit aux centres éloignés. Les routes étant fermées l'hiver, on venait à la pêche, de partout, par le chemin de fer du Canadien pacifique, et les pourvoyeurs se rendaient à la gare en traîneaux à chiens pour aller chercher les visiteurs.

À chaque hiver depuis les années 40, de la fin décembre à la mi-février, la surface gelée de la rivière Sainte-Anne se couvre de cabanes où des milliers de pêcheurs viennent taquiner les petits poissons des chenaux. En décembre, dès que le froid est assez vif, on arrose la glace pendant 3 à 5 jours pour atteindre une épaisseur de glace d'environ 15 cm. Ensuite, on installe les poteaux et les fils électriques. On perce alors à l'aide d'une scie mécanique, un trou dans la glace de 30 cm de large et de la longueur de la cabane. On avance la cabane sur le trou et on raccorde l'électricité pour le chauffage. Les lignes munies d'une pesée de plomb et de deux hameçons bien aiguisés sont fixées sur une barre de bois à 30 cm du plafond de la cabane. Les cabanes peuvent contenir de 4 à 25 personnes et les prises varient entre 200 et 1 000 poissons par jour.

Le village de Ste-Anne de la Pérade et les alentours recèlent de sites et témoins architecturaux qui vous fascineront par leur histoire. La montée d'Enseigne, le village d'Orvilliers, le chemin du Bois du Merle, l'île du Large ..., autant de noms enchanteurs qui piqueront votre curiosité et tenteront l'explorateur en vous.

201, rue Sainte-Anne
De style néo-gothique, cette église fut bâtie entre 1855 et 1869 par l'architecte montréalais Casimir Coursalle, qui s'était inspiré de l'église Notre-Dame de Montréal. Horaire: en été de 9 h à 17 h. Hors saison de 9 h à 11 h 30. Réservation pour groupe en tout temps.

le manoir Madeleine de Verchères (910, rue Sainte-Anne)
Les jardins, le manoir et les bâtiments en ont long à raconter. L'histoire du site est en effet marquée par Madeleine de Verchères -- héroïne de l'époque de la colonisation qui y vécut de 1706 à 1747 avec son époux, Pierre Thomas Tarieu, sieur de la Pérade. Berceau de la colonisation de la paroisse, villa d'été de bourgeois urbains, unité agricole importante, voilà quelques-uns des qualificatifs du Domaine qui sauront nul doute vous mettre l'eau à la bouche ... Visitez les jardins ornementaux, aromatiques et médicinaux, l'exposition d'artéfacts (en tout temps) et l'exposition de peintures et artisanats (la fin de semaine). Horaire : du 24 juin au 1er septembre, tous les jours de 10 h à 17 h. Réservation pour groupe.

ouvert en tout temps, histoire d'en savoir plus sur ce minuscule poisson de grande renommée.

Quel que soit votre point de départ, l'autoroute 40 et la route 138 sont les deux voies principales qui mènent à la rivière Ste-Anne.

Le pont de Trois-Rivières est le plus court chemin si vous venez de la rive sud.