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Suivez Jacline à l'Auberge Matawinie
Le froid mordait depuis quelques jours. Attendre le redoux et reporter mon voyage à Matawinie m'aurait privé de la blancheur nacrée de l'hiver, des sapins gonflés de neige, des glaçons pendant des lucarnes aux maisons des villages. Le poème Émile Nelligan, avait, sans doute, imaginé cette route et puisé son inspiration en nous donnant "son jardin de givre".
Nous roulions, mon photographe et moi, dans ce décor hivernal, s'arrêtant pour y recueillir les images qui s'offraient, naïves et apaisantes. Je me souviens de cette ferme où les vaches brunes se doraient au soleil près d'une grange trouée qui projetait avec nostalgie une ombre grise. Plus loin une clôture de bois s'étirait, calée dans la neige jusqu'à une touffe de tournesols oubliés qu'abritaient un bouleau blanc.
Nous faisions l'école buissonnière sur la route qui monte vers Saint-Michel-des-Saints. Après avoir longé le Réservoir Taureau, un panneau de signalisation nous invita à emprunter le chemin qui mène au Lac à la truite. Puis, dans un tournant, l'annonce de l'auberge apparut. Alors que je marchais vers "l'accueil" perdu dans ce décor féerique, je vis s'approcher trois hommes vêtus de costume bizarre et portant cagoule. Je me cru transporté dans un épisode de Star War. La conquête de l'espace n'étant pas au programme, je continuai mon chemin mais j'ignorais alors que j'allais bientôt braver le froid et partir à la découverte de sports merveilleux, vêtus comme eux afin d'y nourrir mon reportage.
Je fis la connaissance de la directrice de l'établissement qui me dit aussitôt: Faisons le tour du propriétaire. J'allais me diriger vers le foyer de pierre où les fauteuils invitaient au confort lorsqu'elle précisa, en souriant :
- Non! Non! À l'extérieur.
Jamais "dehors" m'avait paru aussi "dehors"!
Je la suivis, enfonçant dans la neige, retenant d'une main le pan de mon long manteau de mouton blanc qui s'obstinait à traîner de l'aile, à maintenir en place le petit chapeau qui me cachait à peine le front. J'écoutais d'une oreille attentive la description quelle me faisait de ce territoire couvert de montagnes, de lacs et de forêts alors que mon autre oreille me lançait des cris de détresse et bleuissait à vue d'oeil. Même un bon reporter a ses limites d'endurance! Quelques efforts plus loin, une surprise m'attendait et me glaça… je vis apparaître l'homme des neiges tout souriant. Ses cheveux, sa moustache, sa barbe étaient couverts de frimas…
- Je vous présente le préposé à l'entretien de la patinoire, me dit-elle. Je voulus lui rendre son bonjour mais aucun son ne sortit de ma bouche. Mes lèvres s'étaient évanouies.
- Allons maintenant voir les chiens.
Nous fûmes accueillis par 79 Huskies. Quoique bien élevés, ils nous avaient flairés. Sortant de leur niche, ils s'élançèrent au bout de leur chaîne et aboyèrent en concert. C'était impressionnant. Peu à peu, la meute s'apaisa et se fut alors des instants magiques où les mots pour les décrire ne viennent que du coeur. Je sus, dès cet instant que mon séjour serait consacré à de longues promenades en traîneaux à chiens.
Plus tard, devant la cheminée, attendant l'heure du dîner, je feuilletai le programme en savourant un porto : motoneige, ski de fond, pêche sur la glace…
Jour 2 - Promenade en traîneau
Le vent ce matin avait sorti son fouet… j'aurais, je l'avoue, remonté l'édredon mais le programme de la journée était si emballant que je chassai mes pantoufles et enfilai mes bottes de neige. Je me dirigeai vers le chenil où les chiens, surexcités, attendaient les mushers. Déjà les traîneaux étaient en place. Les chiens choisis faisaient des jaloux et les mécontents jappaient leur déception. 6 huskies furent attelés à mon traîneau de tête.
Préparer une meute ne se fait pas aussi rapidement et aussi facilement qu'on pense. Chaque patte est inspectée. Il faut enlever les petits morceaux de glace, vérifier s'il n'y a pas de craquelure avant de passer le harnais, bien choisir son chien de tête car c'est lui qui donne l'allure. Le Husky possède l'instinct de la communauté organisée - celle des hommes ou des chiens - et le sens de la hiérarchie.
Le coeur battant, je pris place et la meute, au commandement, s'élança. Devant moi, 24 pattes s'agitaient dans une course folle mais disciplinée sur le lac gelé. Des woufs venaient des autres meutes, fendant le silence. C'était fascinant, irréel! Soudain je vis un chien au pelage argent courir seul le long de mon traîneau.
- Lola, reviens! Cria le musher.
- Ne craignez rien. Elle vient simplement taquiner Mauro, me dit-il.
Nous continuâmes notre course mais Lola s'était à nouveau sortie de son attelage. Elle réapparut et d'un bond sauta cette fois dans mon traîneau pour me faire l'accolade. Je sentis son souffle chaud sur ma joue. Elle s'installa sur mes pieds, prête à m'accompagner dans ma course. Mauro n'était pas content et tournait la tête. Jaloux? J'entendis la griffe d'arrêt se pointer dans la neige. Le traîneau s'immobilisa et la " tannante " fut retourné au traîneau No 4.
Vipère et Mauro, Ozzy et Mirouk, Polar et Cachemir, impatients, s'élancèrent dans un brouillard de neige pendant que j'essuyais avec ma mitaine le bec humide de Lola. Les sentiers de randonnée s'étendent ici sur des milliers de kilomètres, un lieu de prédilection pour reprendre contact avec la grandeur de la nature et s'énergiser pendant des heures.
J'avoue que ma promenade m'avait creusé l'appétit. A chaque repas, avant d'aller me servir à la table buffet, je me délectais du paysage. Ma table donnait sur une fenêtre en baie où j'admirais les oiseaux se regrouper dans la mangeoire, un peu comme nous ici puisque l'atmosphère a un côté familial. C'est une cuisine toute simple, sans prétention. Un potage fumant a un pouvoir magique lorsque le thermomètre danse la cavale... et le café que l'on sirote en se réchauffant les mains sur la grosse tasse de porcelaine blanche.
Pêche sur la glace
Je passe rapidement sur cette partie du programme. Des heures à attendre le poisson qui ne venait pas, sans doute se moquant, au fond de son trou, de notre naïveté, riant à s'en décrocher les arêtes… très peu pour moi! Qui donc, à part des vacanciers, aurait bravé ce " fret "? Avec le facteur vent, il faisait -51C.…un optimiste? Croire au miracle, c'est bien mais se rendre à la poissonnerie, c'est mieux!
Jour 3 - En forêt
Il avait neigé toute la nuit et ce matin encore, le ciel secouait ses nuages. La forêt complice avait mis ses plus beaux atours. Je partais pour une balade en motoneige et revins enchanté, les joues rouges de plaisir.
M'attendant, deux traîneaux étaient déjà prêts à partir, l'un conduit par Stephane, l'autre par Maude. Lola sortit de sa niche mais elle n'était pas du voyage. Elle avait reconnu mon pas. Nous laissâmes derrière nous le jappement des chiens et entrâmes dans la forêt où les sentiers n'avaient pas de secret pour nos meutes. Seul l'écho répondait à " à gauche… à droite… bon chien… allez, je vous aide " criait Maude en courant derrière le traîneau. Comme pour les chiens, je suivais les ordres et me penchais à gauche… à droite… je faisais corps avec le traîneau et la meute. Nous frôlions les branches des sapins, passions sous les arches de neige. La forêt s'était tue pour nous envelopper d'un silence respectueux. Après ces heures merveilleuses les chiens rentrèrent au bercail. Cette fois, un chien, un seul, attendait au bout de sa chaîne, les yeux rivés sur moi.
- Allez. Approchez. Elle vous attendait.
J'hésitai puis je tendis le bras, la main. Confiante, je l'approchai, passai ma main sous son ventre. Alors, elle se retourna et me gratifia d'un gros câlin.
Je rentrai à l'hôtel rempli d'étoiles. Mais vous sentez le chien, me dit-on! J'éclatai de rire et pris cette remarque comme le plus beau des compliments.
Quand l'odeur laissée sur mon manteau s'évanouira, je la retrouverai lorsque j'aurai le vague à l'âme car il y restera toujours la trace que les griffes affectueuses de ce chien ont laissée en me sautant au cou. Je fermerai les yeux afin d'ouvrir une parenthèse, suspendrai le temps afin de revivre ces moments privilégiés. Je regretterai cependant de ne pas être chimiste afin d'inventer un parfum fait de flocons de neige, de bleu du ciel, du chuchotement du vent… et je l'aurais baptisé : LOLA.
J'allais oublier, je m'en confesse, de vous dire que l'Auberge Matawinie est un resort en formule Club avec auberges et chalets pouvant accueillir des familles, des professionnels et des jeunes, chacun ayant son propre univers... un complexe vacances pour redécouvrir les bonheurs simples.
Axée sur les activités de plein air, l'Auberge propose aussi, pour la détente, un spa inusité... surtout au Québec! La vinothérapie déclinée à l'italienne: Soin enivrant du visage au Chianti de Toscane, bain aux feuilles de vigne rouge ou au jus vierge de raisin, massage et enveloppement à l'huile chaude de pépins de raisin, gommage au moût de raisins... une tradition méditerranéenne baignée de soleil pour chasser les frimas de l'hiver....
Auberge Matawinie
1260 chemin Centre Nouvel-Air, Saint-Michel-des-Saints,
Tél: 450-833-6371 / Sans frais: 1-800-361-9629 (CAN-USA)
Courriel: info@matawinie.com
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