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Jour 2 : suivez Jacline à Havre-aux-Maisons, Cap Alwright, Grande Entrée, Grosse Île...

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Suivez Jacline en reportage

Ce matin, le soleil était parvenu à transpercer avec un faisceau de grandes raies lumineuses le ciel que les nuages alourdissaient. Le Pied de Vent me dira la jeune serveuse en m'apportant le petit déjeuner. Vous aurez un temps superbe. Je profitai de son explication pour en connaître davantage sur les habitudes des Madeliniennes. Aimez-vous le bargou, un gruau de farine d'avoine ou encore un pot-en-pot (prononcer pote-en-pote). Nous faisons également du pain virouné (pain doré). J'optai pour cette dernière suggestion lorsqu'il lui vint l'idée de remplacer les confitures par une surprise.
- Pouvez-vous attendre car la cuisinière est en train de vous brasser une confiture aux œufs et à la mélasse?

Je garde encore le goût de ce mélange onctueux qui était autrefois dans les chaumières la gâterie des matins froids… une douceur pour l'âme.

J'étais perdue dans ma gourmandise lorsque Sylvie arriva pour me servir de guide pour la journée. Sa voiture rouge habituée à obéir, démarra, toussa, puis le vent " dans les pneus ", prit la direction de l'est des îles. Le soleil indiquait 8H30.
 

Havre-aux-Maisons
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La nudité de son relief surprend et charme tout à la fois. La rareté des arbres serait due aux coupes à blanc du siècle dernier. Ces maisons éparses et ces routes sinueuses font une promenade où le besoin de s'arrêter s'impose afin d'en apprécier la beauté.

Sur le chemin de la Pointe Basse, on fit halte au Pied de Vent pour goûter à cette spécialité de l'île, un fromage au goût assez prononcé que les Madeliniennes glissent souvent dans les sauces.

Un peu plus loin, nous visitâmes l'écomusée du hareng fumé et les Fumoirs d'Antan. Afin d'arrêter le temps, nous allâmes au restaurant Le Sablier reprendre notre souffle et y déguster une tarte au citron en consultant notre itinéraire.

Cap Alwright
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Le Cap vaut une photo et vous en garderez un souvenir à faire jaser...

Pointe-aux-Loups
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Avant d'y arriver, on aperçoit les Sillons, marques laissées par la dune dans son déplacement incessant du à la mer et aux vents. C'est sillons contiennent plusieurs espèces de petits fruits - la plaquebière au mois de juillet qui ressemble à une framboise, laissant sa place aux bleuets plus tard durant l'été. Sylvie me proposa une marche sur la plage abritée par les falaises. Défiant le vent, nous marchions sur le sable. Les vagues nous narguaient avec leur écume blanche et nous faisaient pousser des cris lorsque nous faisions semblant de les défier. J'étais venue flâner sur le sable blond afin de découvrir les grottes qui se cachent dans les falaises de grès rouge. Quelques personnes étaient venues chercher un abri par cet après-midi superbe et ensoleillé, capiteux à souhait. Entourée par la paix et le mystère conjugués qui unifie l'âme, le vent devenait musique. J'étais au paradis! En silence, je remis mes chaussures. Un chien aboya et je revins sur terre. Réflexion : Le vent aux îles souffle ou s'apaise, selon son humeur, Dieu seul sait pourquoi, dans cet archipel en forme d'hameçon pour afficher son sale caractère ou pour se changer en brise doucereuse. Le vent! Serait-il femme!

Note sur les falaises
Elles sont fragiles. L'érosion leur fait perdre jusqu'à un mètre par année à certains endroits : la teinte rouge se diluant dans l'eau salée, la falaise se transforme en sable. Le sable blond contient 99% de quartz. Le sable noir, n'est pas volcanique : il contient une quantité de fer (de pyrite de fer, de magnétique). Ce sable viendrait de la mer tout simplement et on le cueille avec un aimant.

Grosse Île (Mines Seleine)

Habité par des Anglophones descendant d'Écossais, pêcheurs pour la plupart, Grosse Ile possède une mine de sel. Un peu d'histoire : La mine de sel a repris ces activités en 1997 après une longue fermeture de deux ans pour cause d'une fuite. L'extraction du minerai s'effectue à 300 m de profondeur et les galeries s'étendent sur un diamètre de 1,6 km. sous la dune de mer. Saviez-vous que les 1,5 million de tonnes de sel répandues sur les routes du Québec en hiver viennent de l'île? On ne peut malheureusement pas visiter la mine; j'en fus peinée mais on me consola en m'offrant un petit bloc de sel qui sert à mettre son grain dans mon récit de voyage. Ce sel! N'a-t-il pas servi de monnaie d'échange, de denrée taxée et de prétexte pour en faire la guerre! Enfin, il est à l'origine de certains mots (salaire). Il est devenu légende, superstition, proverbe.


En déglaçant les marches de mon perron,
je ne verrai plus le sel de la même façon!

L'Ile de la Grande Entrée - Capitale du homard

Ce n'était pas cet après-midi là le bout de notre voyage, mais là où s'arrête la route 199, juste au bout du quai. Des barques de pêcheurs accostaient dans ce petit port et l'animation était à son comble. Les rires fusaient de partout. Je sautai de la voiture et courus voir ce spectacle, évitai une flaque d'eau, un câble, contournai une camionnette et arrivai juste à temps pour saisir cette scène privilégiée. Accotée à un gros bac en bois afin de garder mon équilibre je criai de toutes mes forces

- Puis-je prendre votre photo?

Mais le bruit d'un moteur couvrit ma voix, des bras s'agitèrent des barques, on me souriait, me saluait bref, des pêcheurs agitaient leur casquette, d'autres un poisson...un instant je connus la gloire jusqu'au moment où je reçus une avalanche de poissons dans le dos. Éblouie par mon succès, je n'avais pas réalisé que cette énorme boîte servait à recevoir le hareng! Ouf! J'aurais bien mérité une tasse de bagosse!


 

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Club Vacances

Je quittai Sylvie après une journée où j'aurais encore une fois fait reculer les heures. Hélas je n'en ai pas le pouvoir, mais j'ai, pour me la rappeler, une petite maison rouge enlevée de son porte-clefs. C'était le temps de se dire au revoir car se dessinait déjà le profil du Club. J'étais émoussée car ça a jamais été vu une journée aussi bien remplie!

Je fus accueillie par Robert St-Onge, directeur qui eut le don de me mettre à l'aise, peu habituée à ce mode de vie d'un club de vacances. Après avoir été présentée à quelques membres de l'équipe je montai à ma chambre où le confort est omniprésent, la propreté impeccable et la salle de bain avec ses couleurs, ses serviettes vertes donnent le goût d'entrer dans le bain pour s'y prélasser. Une vraie salle de bain d'hôtel dans un club! Je tirai les rideaux, une pinède s'offrait à ma vue puis, sur une ligne à butin, un coupe-vent, un caleçon et des bas finissaient de sécher. Comme il n'avait pas plu aujourd'hui, telle qu'aurait fait Agatha Christie, j'imaginai le pire…Qui avait été jeté à l'eau! Et par qui?

La salle à dîner ressemble à un réfectoire pour gens sages. Je choisis une table où je pouvais admirer les boîtes débordantes de fleurs; toutes les petites familles d'oiseaux venaient picorer des graines avant de retourner dans leur nid. J'attendais que l'on m'apporte le menu et mon estomac criait famine. C'est alors qu'une bonne samaritaine habituée à la routine me dit : les repas sont servis au comptoir dans l'autre salle. Ce que je m'empressai de faire. Arrivée trop tard et ayant pris trop de temps pour me décider, les casseroles avaient repris le chemin de la cuisine. Je retournai m'asseoir avec quelques feuilles de laitue, des tomates perdues dans mon assiette en me disant: J'aurais bien dû prendre quelques concombres! Bien installée, j'avais oublié mes ustensiles! À mon retour, j'avais oublié mon verre mais j'ignorais où se trouvait l'eau. Ensuite, ce fut le pain… mais me passai de beurre! Ce fut un aller retour qui délassa mes jambes mais creusa davantage mon appétit. La salle à dîner se vidait lorsque j'appris qu'il me fallait desservir. Chargée de mon cabaret, je déposai le tout dans un bac contenant de l'eau savonneuse, l'âme en paix avec le sentiment du devoir accompli. Zut! J'avais 3 bacs à remplir, chacun ayant sa fonction - ustensile, assiette, tasse vidée… zut encore! Mon reste de café teignait l'eau d'un beige inquiétant. Je sortis en catimini…et me dirigeai vers la grande salle.

En attendant le conteur de légende, j'offris mes services pour disposer les fauteuils. La mise en place terminée, la jeune fille en charge des spectacles me dit sans façon:

- Détendez-vous! Enlevez vos chaussures et mettez vos pieds sur la table basse. Vous serez plus à l'aise.

J'obéis, découvrant dans ce simple geste une amitié nouvelle et spontanée. Je n'étais plus une reporter mais simplement Jacline. Je faisais partie de la grande famille des vacanciers.

Le conteur arriva et le silence se fit. Costaud, la figure hâlée, vêtu d'un chandail de coton laissant voir des bras musclés, il avait aux pieds des bottes noires en caoutchouc. Cet " huumme " était sans nul doute hardi et " ma grande frie du bon dieu " un bon marin. Il déposa sur la table une cage à homard et tous les agrès, roula les yeux, s'attardant sur les femmes et avec un rire espiègle nous dit : Écoutez-moi!

J'ai commencé à " m'ammariner " à la pêche très jeune… Pendant toute la soirée il nous livra ses histoires de pêche dans une langue savoureuse, accent qui berce comme le ferait le roulis d'une barque, les jours où la mer se repose, car les Madelinots ne parlent jamais de vent, indépendamment de sa force. Pour un vent fort, ils diront " une méchante brise ". J'appris que la mise à l'eau des cages à homards se fait à une date précise, le 1er ou le 2ième samedi du mois de mai pour se terminer en juillet. Dans tous les ports des îles, plus de 325 bateaux avec deux marins à bord prennent la mer vers 3 heures du matin et se rendent sur les fonds pour lever les casiers - Pour que le homard atteigne le poids d'une livre (454 g), il lui faut 7 ans. S'il n'atteint pas la taille réglementaire ou si c'est une femelle œuvrée, il doit être remis à la mer - Ils remettent ensuite les cages à l'eau après avoir mis l'appât. Aujourd'hui, le hareng pêché est presque exclusivement utilisé comme " bouëtte ", comme on dit ici. Quelqu'un dans l'assemblée posa cette question :

- Faute de hareng, pourrait-on utiliser le maquereau?

- Le conteur de répondre avec un œil pétillant de malice: Maquereau! Un poisson? Ou une personne? Trop difficile à répondre, dit-il car pas facile à saisir. Dans le deuxième cas, le maquereau s'active surtout dans les bars de 5 à 7 à la brunante. Pour le poisson, ça peut être possible jusqu'à 9H00. Ca dépend!

Cette réponse humoristique déclencha les rires. Ainsi la soirée se termina sur ce brin de folie.

Le club s'était endormi. Nulle lumière dans ce coin de l'île sinon celle de ci de là au-dessus des porches ou des " tambours " des maisons éloignées. Tout était silence, d'une tranquillité hors du commun. Bercée à nouveau par la gentillesse de ces insulaires je m'endormis rêvant à demain…

 
..........

Buttes pelées à Havre-aux-Maisons - Crédit : Tourisme Îles de la Madeleine, George Fisher

Le Sel des Mots

Pied de vent
Éclaircie en temps d'orage à travers laquelle les rayons du soleil percent

Bargou
gruau de farine d'avoine

Pot-en-pot
Cf. les recettes

Douceur
sucre

S'accoter
s'appuyer sur...

Bagosse
bière domestique

Émoussé
excité

Ligne à butin
corde à linge

huumme "
homme

Ma grande frie du bon dieu
Ma grande foi du bon dieu

Boëtte
appât

 
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