Harar : le passé а huis clos
Retranchée derrière son mur d'enceinte, la ville d'Harar semble ne pas donner prise au temps. La vie pourtant, entre mosquées et marché, continue de battre...

Lalibela
зa n'arrive qu'à moi !
Surnommée " la seconde Jérusalem ", j'en eus le souffle coupé ! Une église exécutée d'un seul bloc de pierre ! Elle ne possède qu'une entrée et, pour y accéder, on passe par un tunnel. Claustrophobe s'abstenir ! Si l'Йthiopie est une terre-musée semée d’églises d’une exceptionnelle richesse picturale, on doit au roi Lalibela (1181-1221), de la dynastie des Zagoué, une ville qui compte parmi les merveilles du monde.

Au début du XIIe siècle, dans la province de Wollo, naquit un enfant dont le destin était de devenir saint et roi. А sa naissance, il fut entouré d'un nuage d'abeilles. Voyant dans ces abeilles les soldats qui, un jour, serviraient son fils, sa mère lui donna le nom de Lalibela qui signifie: " celui dont les abeilles reconnaissent la souveraineté ". Le saint roi ordonna de tailler onze églises dans la masse du rocher composé de déchets volcaniques rouges, reliées entre elles par un dédale de tunnels et de passages qui débouchent sur des grottes d'ermites et des catacombes. Le principe de construction de ces églises rupestres reste encore un mystère pour les spécialistes, comme il le fut pour les chroniqueurs royaux de l'époque. Incapables d'expliquer ce " miracle ", ils écrivirent que Lalibela avait reзu l'aide des anges.

Pour ma part, je perdis mes "anges". En effet, mes compagnons me laissèrent à ma " dévotion ", prétextant les excuses habituelles auxquelles je n'attachais plus d'importance. J'entrai donc seule dans ce froid sanctuaire. Des torches éclairaient le tunnel. J'entendais battre mon cњur et aucune prière ne venait à mes lèvres. А l'intérieur, des peintures murales faites à même le rocher, réalisées avec de la terre, des nuances prédominantes de rouges et d'ocres admirablement conservées. Sans m'en douter, je commettais un sacrilège car, dans ce lieu sacré, j'avais gardé mes bottes de brousse. J'allais être sévèrement réprimandée. En effet, un autochtone m'avait aperзue et avait alerté tout de suite le village. En un rien de temps, je fus entourée de visages menaзants qui pointaient du doigt mes pieds. Visiblement, j'étais fautive. Que faire ! Puis une idée me vint. Plus morte que vive, je décidai de jouer la femme forte… je dénouai mon foulard de soie, m'en servi pour épousseter les semelles de mes bottines et me dirigeai vers la sortie sous leurs regards ahuris. Jamais tunnel ne fut si long, jamais sueurs ne furent si froides… depuis, je crois au miracle !

Dans le lounge de l'hôtel, nous étions réunis. Le temps des adieux approchait. Un silence complice régnait. Grâce à la magie des souvenirs, calée dans un fauteuil, je revoyais ce pays diversifié qui nous avait accueillis pendant plus d'un mois, un pays qui nous avait tant appris sur les êtres et les animaux, un ravissement pour l'esprit. Un bruit familier ramena toute l'équipe sur terre mais nous eumes une minute d'hésitation… oui, c'était bien notre Land Rover qu'une ondée récente avait rajeunie. Elle s'était fait belle et, pour la première fois, montrait sa vraie couleur. Chose inanimée avez-vous donc une âme ? Chose certaine, elle démarra sans heurt accompagnée de nos rires. N'oubliez pas :
L'aventure est cousine du hasard. Elle s'offre quand cela lui chante et à qui lui plaît.